L’urgence humanitaire pourrait-elle redonner de l’air et de l’entregent au boucher de Damas, Bachar-Al-Assad?

Le séisme qui a frappé le sud-ouest de la Turquie et le nord-ouest de la Syrie, lundi 6 février, a provoqué la mort de plus de 25 000 personnes, selon les derniers bilans officiels communiqués samedi. L’OMS estime que 23 millions de personnes dans les deux pays sont « potentiellement exposées, dont environ cinq millions de personnes vulnérables » , et redoute une crise sanitaire majeure. Les organisations humanitaires s’inquiètent particulièrement de la propagation du choléra, qui est réapparu en Syrie. Selon l’ONU, 5,3 millions de personnes risquent de se retrouver sans abri. L’OMS appelle à une aide financière d’urgence de 42,8 millions de dollars.

Pour la première fois en 35 ans, un point de passage a été ouvert à la frontière entre l’Arménie et la Turquie. De son côté, le régime syrien a autorisé vendredi « l’acheminement des aides humanitaires à l’ensemble »  du pays,  « dont les zones hors du contrôle de l’Etat » . Damas a précisé que la distribution de l’aide devrait être « supervisée par le Comité international de la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge syrien »  avec l’appui de l’ONU. Jusque-là, la quasi-totalité de l’aide fournie aux zones rebelles transitait au compte-gouttes, à partir de la Turquie, par le point de passage de Bab al-Hawa, le seul actuellement garanti par les Nations unies.

Ce que l’on peut ajouter à ce tableau apocalyptique, c’est que sous pression du régime d’Assad, la Russie a obtenu de fermer trois points de passage sur les quatre avec la Turquie, ce mécanisme est en place depuis plusieurs années. C’est un mécanisme au sein duquel l’ONU a essayé d’imposer quand même que l’aide humanitaire, avant le séisme, puisse arriver par un seul passage : le fameux passage de Bab al-Hawa. La fameuse zone d’Idlib qui réunit entre 3 et 4 millions d’habitants est en fait la zone au sein de laquelle le régime a mis tous les opposants, ceux qu’on appelle les rebelles après les avoir fait partir des autres zones du pays qu’il avait reconquis. Donc là, il y a une zone de 3-4 millions d’habitants sous contrôle en partie d’un groupe islamiste radicale “Hayat el sham” avec aussi à la périphérie de cette zone des groupes qui dépendent de la Turquie et donc une zone qui échappe complétement au régime, raison pour laquelle le régime a demandé à la Russie au sein du Conseil de sécurité d’empêcher que l’aide humanitaire arrive parce que l’objectif d’Assad est de réduire ce qu’on appelle la poche d’Idlib, une zone qui est régulièrement bombardée par le régime et par la Russie. Effectivement, tous les centres de santé ont été détruits alors que les ONG donnent systématiquement leur emplacement pour éviter que les bombardements ne les atteignent. Donc, Le séisme arrive sur ces faits avec un seul passage autorisé qui est renouvelé tous les six mois, alors que les pays occidentaux demandent à ce que ce soit une fois par an pour permettre l’organisation de cette venue de l’aide humanitaire ; la Russie à chaque fois négocie pour que cela se fasse tous les 6 mois, et donc à chaque fois c’est un marchandage poussé en cela par le régime d’Assad, puisque le régime d’Assad n’a qu’un objectif : faire en sorte que cette poche n’existe plus. On affame donc la population, comme ça a été fait dans les régions près de Damas, dans la région par exemple de Doumas, en enfermant cette zone, en empêchant toute arrivée, et là avec les séisme, le seul point de passage a été détruit. Donc il y a un convoi qui a fini par passer, mais qui était prévu avant le séisme et qui n’incluait pas tout ce matériel nécessaire pour répondre à cette urgence humanitaire à la suite de ce séisme.

Certains disent « Erdogan est parti avec le tremblement de terre d’Izmir, il va partir avec le tremblement de terre d’aujourd’hui ».

De ce fait, il y a une zone complètement abandonnée, les fameux casques blancs composés de civils, de personnes qui habitent dans cette zone et qui se sont malheureusement habitués depuis des années à venir au secours des victimes lors des bombardements. Les casques blancs travaillent avec très peu de moyens. Il y a donc une population qui est totalement délaissée avec un pouvoir à Damas qui maintenant dit « il faut que l’aide humanitaire arrive à Damas et moi je vais la distribuer ». On voit bien que le régime d’Assad en profite pour distribuer ces quelques aides aux siens et non pas aux zones tenues par les rebelles, parce que pour lui c’est une formidable aubaine pour rendre cette zone un peu plus difficile à vivre pour les survivants. Le drame c’est comment apporter une aide à cette population sans faire le jeu de Bachar al Assad, et je pense que la seule option c’est la réouverture des trois autres points de passage qui ont été fermés pour permettre que cette aide humanitaire arrive un peu plus facilement, parce que c’est évident qu’Assad ne laissera rien passer dans cette zone tenue par les rebelles.”

Ce fameux passage vers la Turquie, il faut aussi que la Turquie accepte, mais le fait de pouvoir passer par plusieurs points de passage permet d’acheminer l’aide. Il y a tout de même une possibilité d’aider la population, et l’important est de se dire que les populations qui n’avaient rien avant se retrouvent encore plus démunies aujourd’hui. Que ces aides passent par Damas, c’est une chose, mais il faut surtout qu’elles passent par le Nord de la Turquie à la frontière avec la Syrie sinon la zone d’Idlib ne verra aucune aide venant de Damas. C’est évident qu’Assad ne laissera rien passer en direction de cette zone tenue par les rebelles.

Erdogan peut être affaibli par cette catastrophe. Il avait avancé les élections présidentielles parce qu’il voulait surfer sur la vague de sa- popularité ; il avait l’intention de lancer une opération militaire à la frontière sud de la Turquie pour satisfaire les critiques des Turcs qui trouvent qu’il y a trop de réfugiés syriens dans le pays et qu’en raison de la crise économique c’est un poids qui est beaucoup trop lourd. Il n’avait pas obtenu jusque-là le feu vert des Russes et des Américains pour lancer cette opération. Évidemment, ça parait compliqué aujourd’hui de mener une telle opération. Il faut rappeler que lors du précédent séisme d’Izmir en 1999, un impôt avait été imposé aux turcs pour faire en sorte que les nouvelles constructions tiennent compte de cette contrainte sismique, mais on voit bien que cela n’a pas fonctionné car des immeubles entiers qui se sont effondrés ; tout ça est très mauvais pour Erdogan à quelque semaines de l’élection. Certains disent « Erdogan est parti avec le tremblement de terre d’Izmir, il va partir avec le tremblement de terre d’aujourd’hui ». Cependant, il faut quand même rester très prudent parce qu’Erdogan est un animal politique. De plus, le ramadan va arriver et Erdogan peut très bien jouer avec cette période du ramadan et instrumentaliser les aides humanitaires internationales pour montrer que malgré les difficultés qu’il a rencontrées au départ, il a ensuite été en mesure de reprendre les choses en main. Il a une grande capacité à rebondir.

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