Cette trêve a été élaborée d’une manière laborieuse. Il a fallu 5 à 6 semaines de négociations avec plusieurs intermédiaires, avec des allers-retours très compliqués en termes de communication. C’est une trêve qui me paraît très fragile avec beaucoup de facteurs de déraillement potentiel, beaucoup de « spoilers », c’est-à-dire des acteurs qui ont intérêt à ce que la trêve ne fonctionne pas. On a une absence de mécanismes d’application de la trêve sur le terrain, on n’a pas d’observateurs indépendants sur le terrain non plus pour la faire respecter et pour observer son respect. Et quand vous regardez le contenu des communiqués faits par le Hamas et par Israël, il y a des choses assez contradictoires dans cette trêve : par exemple, le Hamas dit que la population palestinienne pourra avoir une liberté totale de mouvement entre le Nord et le Sud, alors qu’Israël dit le contraire et il va positionner ses soldats pour empêcher la population du Sud de revenir vers le Nord.
On est dans un climat de tension extrême avec une armée et un groupe armée l’un en face de l’autre qui maintiennent le doigt sur la gâchette. Il ne faut pas grande chose pour rompre la trêve. Il suffit d’une erreur. Il suffit de quelqu’un qui perd son sang-froid. Il faut également surveiller ce qui se passe au Nord avec le Hezbollah qui n’a pas été vraiment partie prenante des négociations, mais qui a décidé qu’il allait respecter cette trêve.
La seule manière d’y mettre fin, c’est d’arrêter le blocus, d’arrêter l’occupation, de donner des conditions de vie dignes et des droits à la population palestinienne.
L’objectif est inatteignable parce que vous ne pouvez pas tuer une idée. Vous pouvez raser la bande de Gaza. Vous pouvez pourchasser jusqu’au dernier combattant du Hamas dans la bande de Gaza, ce n’est pas ça qui va tuer le Hamas. La seule manière d’y mettre fin, c’est d’arrêter le blocus, d’arrêter l’occupation, de donner des conditions de vie dignes et des droits à la population palestinienne. C’est une solution politique qu’il faut trouver.