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Trêve à Gaza: « Tout ce qui peut épargner la vie des civils est bien »

Cette trêve a été élaborée d’une manière laborieuse. Il a fallu 5 à 6 semaines de négociations avec plusieurs intermédiaires, avec des allers-retours très compliqués en termes de communication. C’est une trêve qui me paraît très fragile avec beaucoup de facteurs de déraillement potentiel, beaucoup de « spoilers », c’est-à-dire des acteurs qui ont intérêt à ce que la trêve ne fonctionne pas. On a une absence  de mécanismes d’application de la trêve sur le terrain, on n’a pas d’observateurs indépendants sur le terrain non plus pour la faire respecter et pour observer son respect. Et quand vous regardez le contenu des communiqués faits par le Hamas et par Israël, il y a des choses assez contradictoires dans cette trêve : par exemple, le Hamas dit que la population palestinienne pourra avoir une liberté totale de mouvement entre le Nord et le Sud, alors qu’Israël dit le contraire et il va positionner ses soldats pour empêcher la population du Sud de revenir vers le Nord.

On est dans un climat de tension extrême avec une armée et un groupe armée l’un en face de l’autre qui maintiennent le doigt sur la gâchette. Il ne faut pas grande chose pour rompre la trêve. Il suffit d’une erreur. Il suffit de quelqu’un qui perd son sang-froid. Il faut également surveiller ce qui se passe au Nord avec le Hezbollah qui n’a pas été vraiment partie prenante des négociations, mais qui a décidé qu’il allait respecter cette trêve.

Le Qatar c’est traditionnellement le facilitateur entre le Hamas et Israël. Le Qatar a construit son « soft power » sur ses capacités de médiation et il a  de forts atouts pour pouvoir faire ça, puisque c’est un intermédiaire qui parle à tout le monde. À savoir, il accueille Ismaël Haniyeh, le leader du Hamas en exil, et le Qatar veut se positionner comme le Genève du Moyen-Orient.
Le Hamas a intérêt à demander plus lors des négociations pour la libération des otages. Lors des précédentes négociations pour la libération du soldat Shalit, la proportion de de la contrepartie était de 1 contre mille. Là nous sommes à une proportions de 1 contre 3. Puis le Hamas n’a pas intérêt à relâcher tous les otages d’un coup. C’est sa seule monnaie d’échange actuelle, et il a plutôt l’intérêt à faire trainer la libération des otages pour parier sur le fait que plus la trêve va s’éteindre, plus ça va être compliqué potentiellement pour Israël de reprendre les combats et les bombardements. Pour la population israélienne sera assez difficile de comprendre pourquoi un certain nombre d’otages a été libéré et pas le reste, mais il ne faut pas sous-estimer la puissance du paradigme sécuritaire au sein de l’administration Netanyahou qui voit Gaza exclusivement à travers un prisme sécuritaire et militaire seulement qui est focalisé sur l’objectif à mon avis inatteignable de la destruction du Hamas.

L’objectif est inatteignable parce que vous ne pouvez pas tuer une idée. Vous pouvez raser la bande de Gaza. Vous pouvez pourchasser jusqu’au dernier combattant du Hamas dans la bande de Gaza, ce n’est pas ça qui va tuer le Hamas. La seule manière d’y mettre fin, c’est d’arrêter le blocus, d’arrêter l’occupation, de donner des conditions de vie dignes et des droits à la population palestinienne. C’est une solution politique qu’il faut trouver.

Joan Deas, directrice exécutive de l’iReMMO

ÉDITO

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Israël-Palestine: pour un retour au politique

Si la première phase du cessez-le-feu initié à Gaza depuis le 19 janvier 2025 a tenu, les perspectives de mise en oeuvre de la seconde – devant permettre la libération de tous les otages restants en échange de celle de prisonniers palestiniens et le retrait total de l’armée israélienne de la bande de Gaza – semblent beaucoup plus incertaines. Comme l’est encore bien davantage l’issue de cette guerre et, plus fondamentalement, celle du conflit israélo-palestinien. Deux chemins sont possibles. L’un conduisant vers une guerre sans fin, l’autre ouvrant vers des perspectives de paix.

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LES ANALYSES DE CONFLUENCES

LES ANALYSES DE CONFLUENCES

Il faut aller en Tunisie : notes d’un tour dans l’Extrême-Sud (juillet 2011)

François Pouillon, 27 août 2011
Invité en Tunisie pour participer à une école doctorale organisée par un laboratoire de sciences sociales de l’université de Tunis (Diraset), j’en ai saisi l’occasion pour faire, avec de jeunes collègues, un tour dans le Sud-Est, une région que je connaissais assez bien pour y avoir enquêté dans les années 1970. J’en ai rapporté ces impressions de voyage. Encore une fois, ce voyage a été précédé de nouvelles alarmistes . Mes amis de Tunis m’engagent à la prudence : des classes dangereuses aux coupeurs de route, il n’y a qu’un pas, et on signale des poches d’insécurité dans la région de Sidi Bou Zid, épicentre de la révolution démocratique. D’autres vont commenter : il semble que cela arrangerait bien le gouvernement provisoire, en facilitant un regroupement grégaire autour de la ligne qu’il incarne. Je ne suis pourtant pas descendu au Sud par cette route des steppes : pour aller au Sud-Est, mon objectif, la nouvelle autoroute de la côte nous conduit en quelques heures à Gabès.

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Lettre d’information de l’iReMMO