Qui a peur de la bombe iranienne

Les chroniques d’Uri Avnery, 4 novembre 2017
Qui a peur de la bombe iranienne ? J’ai horreur des évidences. Les idéaux peuvent être évidents. Les déclarations politiques non. Lorsque j’entends parler d’une vérité politique évidente, j’en doute immédiatement. La vérité politique la plus évidente du moment concerne l’Iran. L’Iran est notre ennemi mortel. L’Iran veut nous détruire. Nous devons détruire ses capacités destructrices avant. Comme c’est évident, l’accord anti-nucléaire signé entre l’Iran et les cinq membres du Conseil de Sécurité (plus l’Allemagne) est terrible. Absolument terrible. Nous aurions dû depuis longtemps ordonner aux Américains de bombarder l’Iran pour le dévaster. Au cas improbable où ils nous auraient désobéi, nous devions bombarder nous-mêmes l’Iran avec l’arme nucléaire avant que leurs dirigeants fous fanatiques n’aient les premiers l’occasion de nous détruire.

Concombres au vinaigre

Les chroniques d’Uri Avnery, 28 octobre 2017
ALLELUIA ! J’ai fini par trouver un sujet sur lequel je suis d’accord avec Benjamin Nétanyahou. Vraiment ! Ce lundi, la Knesset s’est de nouveau réunie pour sa session d’hiver après de longues (et bienvenues) vacances. En ces occasions, le président de l’État et le Premier ministre sont invités à parler. Les discours sont censés être festifs, pleins de banalités aimables. Cela entre par une oreille et sort par l’autre. Pas cette fois. Assis à côté du Président de l’assemblée, le Président d’Israël, Reuven Rivlin, a prononcé un discours inédit à tous égards. Il s’est attaqué au gouvernement de coalition dominé par le Likoud en l’accusant d’affaiblir l’État de droit, le procureur général et la police.

Un nouveau départ

Les chroniques d’Uri Avnery, 21 octobre 2017
UN JOUR le parti travailliste israélien a ressenti le besoin d’avoir un nouveau leader. Cela arrive à ce parti une année sur deux. Le parti est en mauvaise forme. Il ressemble davantage à un cadavre politique qu’à un organisme vivant. Ce qu’il lui faut : un nouveau leader, charismatique, énergique, enthousiaste. Alors ils ont trouvé Avi Gabbay. Pourquoi lui ? Personne ne le sait vraiment. Avi Gabbay n’a apparemment pas les qualités d’un leader politique. Aucun charisme. Pas particulièrement d’énergie. Pas d’enthousiasme personnel et pas de capacité à inspirer l’enthousiasme aux autres.

Le terrible problème

Les chroniques d’Uri Avnery, 14 octobre 2017
Ze’ev Begin, le fils de Menachem Begin, est un homme très bien. Il est impossible de ne pas l’aimer. Il est bien élevé, poli et modeste, le genre de personne qu’on aimerait avoir pour ami. Malheureusement, ses positions politiques sont beaucoup moins séduisantes. Elles sont bien plus extrémistes que même les actions de son père. Le père, après avoir dirigé l’Irgoun, se posa et fit la paix avec Anouar al-Sadate d’Égypte. Ze’ev est plus proche de Golda Meir, qui avait ignoré les ouvertures de paix de Sadate et nous entraîna dans la guerre désastreuse de Yom Kippour. Begin jr. est un adepte inconditionnel de la doctrine sioniste ‟révisionniste” élaborée par Vladimir Ze’ev Jabotinsky. L’une des caractéristiques de ce mouvement a toujours été l’importance qu’il donnait aux textes écrits et aux déclarations. Le mouvement travailliste présidé par David Ben-Gourion, se fichait complètement des mots et des déclarations pour ne prendre en considération que les ‟réalités de terrain”.

La séparation est belle

Les chroniques d’Uri Avnery, 7 octobre 2017
IMAGINEZ un peu : un nouveau mouvement chez les Mizrahim vient de naître en Israël. Il déclare que toutes les organisations existantes de mizrahim (juifs orientaux) sont bidon. Qu’elles sont toutes des instruments de l’élite ashkénaze (juifs européens) pour tenir les mizrahim en tutelle. Que le parti oriental Shas est une plaisanterie, spécialement depuis la mort du rabbin Joseph Ovadia, qui était un leader mizrahi authentique. Il dit que le Likoud est l’instrument le plus astucieux pour contenir les Mizrahim. Que le pouvoir interminable de Benjamin Nétanyahou, la personnification même de l’élite ashkénaze, traduit l’impuissance des masses mizrahi ignorantes, qui le maintiennent au pouvoir avec toute sa clique ashkénaze. ALORS un nouveau parti Mizrahi est créé, sous la conduite de jeunes gens énergiques qui proposent une idée révolutionnaire choquante : la séparation.

Deux histoires

Les chroniques d’Uri Avnery, 29 septembre 2017
VOICI l’histoire : à 7 heures du matin, un Arabe s’approche de la barrière de Har Adar, colonie proche de la Ligne Verte, près du village arabe israélien d’Abou Gosh. L’homme est un ‟bon arabe”. Un bon Arabe avec un permis de travail dans la colonie. Il vit dans le village arabe voisin de Beit Surik en Cisjordanie. Il a obtenu un permis de travail parce qu’il satisfait à tous les critères – il a 37 ans, est marié et père de quatre enfants. Les habitants de Har Adar le connaissent bien, parce qu’il nettoie leurs maisons depuis des années. Ce mardi matin il arriva à la barrière comme d’habitude. Mais quelque chose suscita des soupçons chez les gardiens. Il portait une veste, alors que le temps était particulièrement chaud en ce jour de début d’automne. Les gardiens lui demandèrent d’ôter sa veste.

Désespoir

Les chroniques d’Uri Avnery, 16 septembre 2017
MON OPTIMISME concernant l’avenir d’Israël irrite quantité de gens. Comment puis-je être optimiste quand on voit tout ce qui arrive ici tous les jours ? L’annexion de fait des territoires occupés ? Le mauvais traitement des Arabes ? L’implantation de colonies qui nous empoisonnent ? Mais l’optimisme est un état d’esprit. Il ne faiblit pas face au mal. Au contraire, le mal doit être combattu. Et vous ne pouvez pas combattre si vous ne croyez pas que vous pouvez vaincre. Certains de mes amis croient que le combat est déjà perdu. Qu’Israël ne peut plus être changé ‟de l’intérieur”. Que la seule voie pour le changer c’est par des pressions de l’extérieur. Par chance, croient-ils, il y a une force extérieure, qui est prête et capable de faire le travail pour nous. Elle s’appelle BDS – abréviation de ‟Boycott, Désinvestissement, Sanctions”.

Une confession

Les chroniques d’Uri Avnery, 9 septembre 2017
Aujourd’hui est le dernier de ma 93e année. Ridicule. Suis-je plutôt satisfait de ma vie jusqu’à ce jour ? Oui. Si par miracle je pouvais revenir à, disons, 14 ans, et refaire tout ce long parcours, est-ce que j’aimerais cela ? Non, je ne l’aimerais pas. Trop c’est trop. AU COURS DE CES 93 années, le monde a complètement changé. Quelques jours après ma naissance en Allemagne, un petit démagogue ridicule du nom d’Adolf Hitler tenta un putsch à Munich. On le mit en prison, où il écrivit un livre ennuyeux intitulé Mein Kampf. Personne ne le remarqua.

N’importe qui sauf Bibi

Les chroniques d’Uri Avnery, 12 août 2017
LES VAUTOURS tournoient. Ils peuvent voir l’homme blessé au sol et attendent sa fin. Ainsi font les carnivores humains – les politiciens. Ils chantent ses louanges, jurent de le défendre de tout leur cœur – mais, dans leurs têtes ils calculent déjà qui peut être son successeur. Chacun se demande en lui-même : pourquoi pas moi ? Benjamin Nétanyahou fait face à la plus grande crise de sa longue carrière. La police est sur le point de conclure son enquête. Le procureur général est soumis à d’énormes pressions pour prononcer des mises en accusation officielles. Les importantes manifestations près du domicile du procureur général se développent chaque semaine.