Vendredi 12 mai et samedi 13 mai 2023 | À partir de 20h
Cinéma Les 3 Luxembourg
67, rue Monsieur le Prince, 75006 Paris
Le 14 mai 1948 à minuit, le mandat britannique sur la Palestine s’achève officiellement. L’indépendance de l’État d’Israël est proclamée et débute alors la « Première Guerre israélo-arabe ». Cinq pays arabes (L’Égypte, la Jordanie, la Syrie, l’Iraq, le Liban ) et l’armée de libération arabe ont attaqué le nouvel État. La guerre durera plus d’une année et une fois terminée, le narratif officiel Israélien explique la fuite de centaines de milliers de Palestiniens hors des frontières comme une conséquence des affrontements . Les Israéliens appellent ce chapitre de leur histoire la guerre d’indépendance. Les Palestiniens la dénomment « Al Nakba » (la Catastrophe).
À la fin des années 1990, Teddy Katz, doctorant en Histoire de l’université de Haïfa, a mené des recherches sur un massacre à grande échelle commis par l’armée israélienne dans le village de Tantura en mai 1948. La qualité de son travail fut reconnue par les autorités académiques. La diffusion de ce mémoire dans les médias israéliens provoqua un tollé. Il fut attaqué en justice, condamné à se dédire et sa carrière universitaire en fut définitivement ruinée. mais les preuves subsistent. Il reste plus de cent heures de témoignages audio enregistrés par les acteurs de l’époque.
Dans ce documentaire, le réalisateur Alon Schwarz s’entretient avec d’anciens soldats israéliens de la brigade Alexandroni ainsi qu’avec des habitants palestiniens témoins de ce massacre. Un travail de mémoire s’engage et qui cherche à savoir ce qui s’est passé à Tantura et de comprendre pourquoi la « Nakba » est un sujet tabou dans la société israélienne. Les anciens soldats, désormais âgés, se souviennent d’actes de guerre”troublants”, tout en s’arrêtant de manière inquiétante sur des points dont ils ne se souviennent pas ou dont ils ne veulent pas parler.
Les enregistrements d’entretiens menés par Katz il y a 20 ans percent le silence de l’auto préservation et exposent la manière dont le pouvoir sculpte l’histoire officielle.
«Tantura» est un film documentaire qu’on ne peut pas oublier. Même moi qui écrivis, en 1998, le premier livre de synthèse des travaux des «nouveaux historiens israéliens», sa vision m’a sidéré par le rythme haletant de son alternance de films de l’époque et de témoignages, sans oublier les intervention d’historiens spécialisés.
Quiconque veut comprendre la Nakba palestinienne, 75 ans après, doit absolument voir Tantura, d’Alon Schwarz. Ce n’est pas par hasard que ce documentaire a été invité aux grands Festivals de Sundance aux États-Unis, de Hot Docs au Canada et de Doc Aviv en Israël. Et pourtant il n’a toujours pas de diffuseur commercial en France: merci à Jean-Jacques Grunspan, qui aide les associations à le présenter.