Samedi 26 février 2022 – 11h30-17h30
Dans le cadre du cycle 2021-22 de l’Université populaire
« Villes-carrefours de Méditerranée et du Moyen-Orient »
Ville spectaculaire par son architecture audacieuse et place financière de premier plan, Dubaï suscite des sentiments contrastés, en raison de son profil contradictoire : du fait de la présence simultanée, parmi ses habitants, de richissimes familles d’affaires mondialisées et de très nombreux ouvriers étrangers soumis à des lois du travail extrêmement rudes. Située sur la côte du golfe Persique, entre la mer et le désert, Dubaï vient de loin puisque des témoignages anciens attestent de son existence dès la préhistoire. Depuis le XVIe siècle cette ville/bourgade est devenue une étape incontournable du commerce maritime, notamment des perles, entre l’Europe et les ports d’Inde ou d’Afrique orientale.
Le XIXe siècle fût celui de la prise de contrôle de l’ensemble de la région par l’empire Britannique qui imposa son mandat de 1820 jusqu’en 1970 afin de lutter contre la piraterie et garantir la sécurité de la navigation des bâtiments britanniques sur la route des Indes. La découverte d’immenses gisements de pétrole dans la deuxième moitié du XXe siècle a profondément modifié l’avenir des émirats. C’est en 1966 que le pétrole arrive à Dubaï et y apporte de nouveaux revenus ainsi que l’arrivée massive de travailleurs étrangers, surtout asiatiques. Le développement urbain très rapide favorise une croissance démographique inédite : Dubaï atteint en 1966 les 1,5 millions d’habitants. Aujourd’hui, cette « ville globale » compte plus de 3 millions de personnes, dont seulement 12% sont émiratis, le reste étant des travailleurs immigrés.
L’indépendance proclamée en 1971 conduit à la création de la fédération des Émirats Arabes Unis (EAU) composée de 7 cités-États : Abou Dhabi, la capitale fédérale, Ajman, Sharjah, Fujaïrah, Ras el Khaïmah, Oum el Qaïwaïn et Dubaï, considérée comme la capitale économique de la Fédération et dont l’émir en est le vice-président. Cependant, depuis quelques années, Dubaï aspire à jouer un nouveau rôle : celui de destination artistique et touristique et de « hub » culturel, lieu de rencontre entre artistes de la région mais aussi du monde. Des musées, des galeries, des centres de promotion de l’art contemporain se développent, souvent dans des espaces urbains périphériques et industriels, en créant les conditions de l’émergence d’une scène artistique dubaïote et surtout d’un marché de l’art en plein développement. Art Dubaï, la foire d’art contemporain créée en 2006, semble en effet vouloir contribuer à changer non seulement l’image de la ville mais la ville elle-même.
L’exposition universelle Expo2020, qui s’y tient actuellement, attend près de 25 millions de visiteurs et aura couté près de 5 à 6 milliards de dollars à l’émirat. Elle vient confirmer, si besoin en était, les ambitions de rayonnement mondial de Dubaï.
Connaissez vous Dubaï ? Venez tester vos connaissances à l’aide de ce quiz de GEO.
Programme de la journée
Laure Semple, docteure en géographie, professeure agrégée d’histoire géographie et spécialiste monde arabo-musulman, Golfe, Émirats arabes unis, Dubaï. Elle a soutenu récemment une thèse intitulée «Créer la ville de Dubaï: pouvoir tribal et aménagement urbain face au défi de la mondialisation»
« Dubaï la démesure » (extraits, Echappées belles-France 5, 2017) ;
« Émirats, la fin de l’eldorado » (ARTE Reportage, 2020, 25’) ;
« The Dubai in Me » (extraits, Allemagne, 2010, Christian Von Borries)
Delphine Pagès-El Karoui, professeure des universités à l’Inalco. Spécialiste du Maghreb et du Moyen-Orient et fellow de l’IC Migrations (départements Policy et Integer). Elle a récemment soutenu une habilitation à diriger des recherches intitulée «Dubaï, ville mondiale: le cosmopolitisme à l’épreuve».