Tunisie : la victoire de l’État de droit ?

Samedi 24 avril 2021 – 11h30-17h30

Dans le cadre du cycle 2021 de l’Université populaire
« Révolutions et contre-révolutions en Méditerranée et au Moyen-Orient (2011-2021) »

Femme débout au milieu de manifestants avec des drapeaux de la Tunisie portant un drapeau de la Tunisie en foulard
Photo : Amine Ghrabi

Lorsque début janvier 2011, la Tunisie se soulève, d’abord spontanément puis lors de la grève générale proclamée par l’UGTT, l’heure de la remise en cause du pouvoir autoritaire et prédateur qui gouverne le pays depuis plus de 20 ans a sonné. Bien que le degré de mécontentement des Tunisiennes et des Tunisiens était à son comble, personne n’aurait pu imaginer les conséquences en cascade que ce mouvement social aurait finit par provoquer dans le pays et dans l’ensemble de la région.

 

Exemplaire à bien des égards, la révolution de 2011 en Tunisie a suivi une trajectoire unique qui, encore aujourd’hui, se distingue des événements qui ont eu lieu dans les autres pays arabes. Cette unicité tient en grande partie à des traits spécifiques de la société tunisienne marquée par un haut niveau d’éducation, une attention particulière envers les droits humains et l’égalité hommes – femmes, une structuration ancienne du monde syndical et de la société civile et enfin la loyauté de l’armée vis-à-vis du peuple.

 

Premier réflexe des révolutionnaires, la mise en place d’institutions provisoires comme la Haute instance pour la préservation des objectifs de la Révolution, la réforme politique et la transition démocratique ou l’Instance supérieure indépendante pour les élections qui a garantit la tenue d’élections régulières, créant ainsi les conditions d’une réécriture démocratique de la Constitution. Pourtant, les travaux de l’Assemblée Nationale Constituante se révélèrent bien plus ardus que prévu, en raison du poids numérique et politique important du parti islamo-conservateur, grand gagnant des élections démocratiques.

 

Mais où on est la situation de la Tunisie dix ans après ? De nombreux Tunisiens semblent déçus, désabusés, inquiets. Si la Constitution issue de la Révolution a été une avancée incontestable en termes de droits, de libertés et d’égalités acquises, la situation sociale reste marquée par la persistance d’injustices sociales et de fractures territoriales. La situation politique semble bloquée par les partis populistes, ce qui paralyse les nécessaires réformes de fond. Quant à l’économie, elle est en crise profonde, ce qui accroit la précarité des jeunes, la pauvreté et le sentiment d’injustice dans la population.

 

La transition démocratique est elle en danger ?

 

Le contexte régional instable et notamment la crise libyenne toute proche ont un impact majeur, notamment sur l’économie de la Tunisie. Mais la mobilisation citoyenne continue, d’abord pour consolider les acquis de la révolution et tout particulièrement le caractère civil de l’État, désormais consacré par le texte constitutionnel. D’autres batailles civiles se poursuivent, dont celle pour l’égalité homme-femme, mais aussi celle pour les droits individuels des personnes LGBTIQ+, alors que l’art.230 du code pénal interdisant l’homosexualité n’a toujours pas été aboli. Dans ce domaine, s’il est vrai que les discriminations et même les violences continuent, la scène associative tunisienne est désormais variée et très active sur le terrain de la reconnaissance des droits des minorités sexuelles. Cela constitue encore une singularité dans le monde arabe, où la Tunisie est encore une fois à l’avant-garde.

 

Au fond, la Tunisie, « exception arabe», ne serait-elle pas en train de devenir un pays comme les autres, avec ses défis, ses batailles et  ses victoires politiques et sociétales ?


La bataille pour la nouvelle constitution
avec Nadia Chaabane, docteure en sciences du langage, militante associative féministe et femme politique tunisienne. Élue du camp progressiste à l’Assemblée nationale constituante tunisienne en 2011, d’abord pour le Pôle démocratique moderniste (PDM), puis à la Voie démocratique et sociale, elle est en première ligne pour la bataille pour l’égalité en Tunisie depuis 2011. Elle milite également dans le Collectif national pour les droits des femmes. Elle est auteure de l’ouvrage Chronique d’une Constituante (Déméter, 2018).


Les droits LGBTQI+ : un acquis de la révolution ?
Avec Bochra Triki, activiste tunisienne, ancienne directrice exécutive de Chouf, association pour les droits individuels corporels et sexuels des personnes s’identifiant comme femmes et des communautés LBTQI en général. Elle est la cofondatrice de Chouftouhonna, festival international d’art féministe de Tunis. Elle est actuellement responsable podcast à Inkyfada, média indépendant basé à Tunis.

Pour des raisons de force majeure, la séance avec Bochra Triki est annulée. Merci de votre compréhension


Où en est l’État de droit aujourd’hui en Tunisie ?
Avec Kamel Jendoubi, président du Groupe d’experts indépendants sur le Yémen du Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme des Nations unies, militant des droits humains et homme politique tunisien. Président d’honneur et ancien président d’Euromed Droits (de 2003 à 2012). De 2011 à 2014, président de l’Instance supérieure indépendante pour les élections. En janvier 2015, ministre chargé des Relations avec les institutions constitutionnelles et la société civile, dans le gouvernement de Habib Essid.

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