La naissance du Moyen-Orient (1914-1949)

Jeudi 9 mai 2019
Rencontre avec : Henry Laurens, professeur au Collège de France, titulaire de la chaire d’Histoire contemporaine du monde arabe, auparavant maître de conférences à l’université de la Sorbonne (Paris IV) et professeur des universités à l’Inalco.
Modération : Jean-Paul Chagnollaud,  professeur émérite des Universités, président de l’iReMMO et directeur de la revue Confluences Méditerranée.

Israël : Netanyahou sauvera-t-il son pouvoir ?

Lundi 8 avril 2019
Rencontre avec Jean-Pierre Filiu, professeur des universités en histoire du Moyen-Orient contemporain à Sciences Po Paris. Il a également été membre de plusieurs cabinets ministériels. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont Généraux, gangsters et jihadistes (La Découverte, 2018) et Main basse sur Israël sorti en 2019 aux éditions La Découverte. Ses travaux sur le monde arabo-musulman ont été publiés dans une quinzaine de langues.
Modération: Dominique Vidal, journaliste et historien.

Libertés en danger : la remise en cause massive de l’Etat de droit en Méditerranée

Samedi 23 mars – 11h30-17h45
Dans le cadre du cycle 2018-2019 de l’Université populaire sur le thème: Méditerranée-Moyen Orient : questions de société, sociétés en question.
La régression des libertés associatives sur la rive sud de la Méditerranée après les révolutions arabes avec Marta Semplici, responsable de programme Moyen-Orient et Afrique du nord à Euromed Droits ; Israël en pleine radicalisation avec Dominique Vidal, journaliste et historien, auteur de nombreux ouvrages sur le conflit israélo-palestinien ; En Europe aussi : la régression de l’espace des organisations de la société civile avec Olivier Consolo, ancien directeur de CONCORD Confédération européenne des ONG d’urgence et de développement, expert « société civile ».

Moyen-Orient : regards croisés sur une région sous tensions

12 mars 2019
Pôle juridique et judiciaire
Place Pey-Berland, Bordeaux
5 tables rondes :
Des élections, et après ?
Quand la région bascule dans la guerre
Ingérences et jeux des puissances régionales
Questions nationales et conflits territoriaux
Des ressources naturelles qui divisent

Trump et le Moyen-Orient une politique irréfléchie de puissance

Pictogramme éditorial

Le 16 décembre, le Sénat des États-Unis votait à une large majorité une résolution interdisant toute aide militaire américaine à la coalition dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen. Même si ce vote est symbolique, c’est la première fois que l’une des deux chambres du Congrès affirme sa souveraine autonomie sur une question de guerre ou de paix, sous le « War Powers Act » (loi fédérale de 1973 limitant les pouvoirs du Président d’engager les forces armées dans des conflits sans le consentement du Congrès). Le Sénat passait aussi une résolution mettant nommément en cause le Prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS) pour le meurtre de Jamal Khashoggi et exigeait des comptes à l’État saoudien.

Antisionisme, antisémitisme, sortir de l’amalgame

Pictogramme éditorial

Le 16 juillet 2017, le président de la République française célèbre la 75e commémoration de la rafle du Vel d’Hiv. Pour la première fois, il a invité le Premier ministre israélien. Après avoir démontré la responsabilité du régime de Vichy dans la déportation des juifs, il conclut : « Nous ne céderons rien à l’antisionisme, car il est la forme réinventée de l’antisémitisme. » Étrange amalgame, puisqu’il confond, dans une même réprobation, un délit – le racisme antijuif – et une opinion qui conteste la pensée de Theodor Herzl.

Arabie Saoudite : jusqu’où ira Mohammed Ben Salman ?

Mardi 20 novembre 2018
Rencontre avec Olivier Da Lage, journaliste à RFI, spécialiste des questions internationales, notamment du Moyen-Orient et de l’Inde. Il donne des cours à l’Institut de relations internationales et stratégiques et dans plusieurs écoles de journalisme. Il a publié plusieurs livres et de nombreux articles consacrés au Moyen-Orient et à la Péninsule arabique, notamment Géopolitique de l’Arabie saoudite (Complexe, 2006), Ces trente ans qui ébranlèrent le golfe Persique (Éditions du Cygne, 2011), Qatar, les nouveaux maîtres du jeu (ouvrage collectif, Demopolis, 2013).
Modération : Dominique Vidal, journaliste et historien, membre de l’iReMMO.

Reconnaître la Nakba

Lundi 12 novembre 2018
Rencontre avec Eléonore Merza-Bronstein, docteure en anthropologie politique spécialiste de la société israélienne contemporaine, chercheuse associée au CNRS. Ses recherches portent sur les modalités d’une vie partagée dans la société israélienne, la fabrication d’identités (re)construites et (re)mobilisées ainsi que la figure de l’« Autre » comme menace. Elle est la co-directrice de l’ONG De-colonizer.
Modération : Dominique Vidal, journaliste et historien.

Une voix éminente pour la paix, hommage à Uri Avnery

Vendredi 9 novembre 2018
Hommage avec : Leila Shahid, déléguée générale de l’Autorité Palestinienne en France‭ (‬1994‭-‬2005‭) ‬et‭ ‬ambassadrice de la Palestine auprès de l’UE‭ (‬2005‭-‬2015‭), Michel Warschawski, journaliste, cofondateur et président du Centre d’information alternative de Jérusalem, co-auteur notamment d’Un autre Israël est possible (avec Dominique Vidal,  l’Atelier, 2012), Sylviane de Wangen, ancienne dirigeante de l’association France Terre d’Asile, puis secrétaire générale de France Palestine Solidarité, Jean-Paul Chagnollaud, professeur émérite des universités, président de l’iReMMO, auteur notamment d’Israël face à Israël (co-écrit avec Pierre Blanc, Autrement, 2018).
Présentation : Dominique Vidal, journaliste et historien, membre de l’iReMMO, auteur notamment de Antisionisme = antisémitisme ? Réponse à Emmanuel Macron (Libertalia).

France- Israël : histoires secrètes (1948-2018)

Mercredi 7 novembre 2018
Présentation du livre Histoires secrètes. France-Israël, 1948-2018 de Vincent Nouzille (Les liens qui libèrent, 2018).
Rencontre avec Vincent Nouzille, journaliste, écrivain et réalisateur. Ancien grand reporter à L’Express, il collabore au Figaro Magazine et travaille pour la télévision sur des documentaires historiques. Il est l’auteur d’ouvrages de référence sur le terrorisme, le renseignement et la diplomatie.
Modération : Dominique Vidal, historien et journaliste.

Palestine : trois jours pour comprendre

Vendredi 16 novembre – Dimanche 18 novembre 2018
Institut du monde arabe – Tourcoing

L’IMA Tourcoing et l’iReMMO organisent le festival « Palestine : trois jours pour comprendre ». Chercheurs‭, ‬journalistes‭, ‬diplomates et acteurs de la société civile se proposent de démêler les enjeux contemporains du conflit israélo-palestinien pour mieux ‬en saisir la genèse et les développements les plus récents.‬

Démographie : natalité, mortalité, migrations. Quels enseignements?

Samedi 20 octobre – 11h30-17h45
Dans le cadre du cycle 2018-2019 de l’Université populaire sur le thème: Méditerranée-Moyen Orient : questions de société, sociétés en question.
Les transformations démographiques et leurs conséquences au Maghreb  avec Kamel Kateb, chercheur à l’Ined (Institut national d’études démographiques), Israël / Palestine: le conflit démographique avec Ezra Nahmad, auteur de plusieurs reportages en Israël où il se rend régulièrement, Démographie et révolution(s) avec Laurent Chalard, docteur en géographie de l’Université Paris IV-Sorbonne

L’Etat-nation du peuple juif

Pictogramme éditorial

En ces temps de régression populiste et nationaliste un peu partout dans le monde, le gouvernement et le parlement d’Israël ont frappé très fort avec l’adoption, en juillet 2018, d’une loi fondamentale consacrant l’Etat d’Israël comme l’Etat-nation du peuple juif.

1948 : une lutte historiographique

Vendredi 14 septembre 2018
Rencontre avec Thomas Vescovi, professeur d’Histoire-géographie, chercheur en Histoire contemporaine à l’université de Paris VIII, auteur de La mémoire de la Nakba en Israël. Le regard de la société israélienne sur la tragédie palestinienne (l’Harmattan, 2015), et Dominique Vidal, journaliste et historien. Il dirige chaque année avec Bertrand Badie L’état du monde (La Découverte), il est également l’auteur de Comment Israël expulsa les Palestiniens, 1947-1949 (Editions de l’Atelier, 2008).

Visites princières

Les chroniques d’Uri Avnery, 30 juin 2018
Prince William : ‟Jérusalem Est – Est un territoire palestinien – Occupé”. Ce n’est pas seulement – Son opinion personnelle. – Le monde entier – parle ainsi – Depuis 1967. Le Prince William, duc de Cambridge, deuxième rang pour l’accès au trône britannique, était en visite en Israël cette semaine. Il a l’air sympathique. Il ressemblait à ce que l’on attend d’un prince, fit et dit tout ce qu’il fallait, et mangea même une pastèque avec notre maire sur la plage de sable de Tel Aviv.

Les frères siamois

Les chroniques d’Uri Avnery, 16 juin 2018
Après avoir commenté la plupart des épisodes de la série télévisée ‟Les Capitaines” de Raviv Drucker sur les Premiers ministres des débuts, il me faut revenir sur l’épisode dont je n’ai pas encore parlé : Yitzhak Rabin. Permettez-moi de le dire d’entrée : j’aimais bien l’homme. Il était un homme selon mon cœur : honnête, cohérent, franc, direct. Pas d’inepties, pas de bavardages. Vous entriez dans la pièce, il vous versait un whisky sec (il semblait détester l’eau), vous faisait asseoir, et posait une question qui vous obligeait à aller droit au but. Comme c’est rafraîchissant comparé à d’autres politiciens. Mais Rabin n’était pas vraiment un politique. C’était un militaire dans l’âme. Il fut aussi l’homme qui aurait pu changer l’histoire d’Israël.

Aussi fort que la mort

Les chroniques d’Uri Avnery, 2 juin 2018
Oh Gaza. L’amour est aussi fort que la mort. J’aimais Gaza. C’est un jeu de mots. Le Cantique des Cantiques biblique dit que l’amour est aussi fort que la mort. Fort en hébreu c’est Aza. Aza est aussi le nom hébreu de Gaza. J’ai passé bien des heures heureuses à Gaza. J’y ai eu beaucoup d’amis. Depuis l’homme de gauche Haidar Abd al-Shafi jusqu’à l’islamiste Mahmoud al-Zahar qui est maintenant le ministre des Affaires étrangères du Hamas.

La chance du joueur

Les chroniques d’Uri Avnery, 26 mai 2018
Nous l’avons tous lu dans des livres ou vu dans des films : un joueur est assis à la table de roulette d’un casino. Il a de la chance. Beaucoup de chance. Devant le joueur la pile de jetons monte, de plus en plus haut. Chaque tour de la roulette en ajoute au tas de jetons. Quand le tas lui arrive à hauteur des yeux, il devrait se lever, échanger ses jetons contre de l’argent et rentrer chez lui. Ses gains suffisent pour le faire vivre dans le luxe pour le restant de ses jours. Mais l’homme ne peut pas se lever. Il en est incapable. Il est collé à sa place à la table de roulette. Et c’est alors que sa chance l’abandonne. Le tas de jetons commence à se réduire. Il pourrait encore se lever et préserver une partie de ses gains. Mais il ne peut pas. Il est collé à son siège. Jusqu’à perdre le dernier jeton. Dans les films, l’homme se lève et porte un pistolet à sa tempe. Benjamin Nétanyahou ressemble à cet homme. Il a de la chance. Beaucoup de chance. C’est troublant.

Le jour de la honte

Les chroniques d’Uri Avnery, 19 mai 2018
Cette semaine, alors que le nombre de Palestiniens tués et blessés augmentait d’heure en heure, je me suis demandé : qu’aurais-je fait si j’avais été un jeune de 15 ans dans la bande de Gaza ? Ma réponse fut, sans hésitation : je me serais mis près de la barrière frontalière pour manifester, en risquant ma vie et mes membres à chaque minute. Comment suis-je tellement sûr ?

Qui est le vassal ?

Les chroniques d’Uri Avnery, 12 mai 2018
Si vous voulez comprendre la politique d’une nation, regardez la carte ! aurait dit Napoléon. C’est un bon conseil. Si vous vivez en Israël ces jours-ci, vous avez l’impression que le grand État d’Israël dicte à son vassal américain ce qu’il faut faire concernant l’Iran. Le président Donald Trump écoute et exécute. Bibi le Grand lui demande de déchirer l’accord iranien sans raison évidente, et il obéit. Il n’a pas le choix, le pauvre. Mais regardez donc la carte et, à votre grande surprise, vous découvrez que les États-Unis sont un très grand pays alors qu’Israël n’est qu’une simple tache, si petite qu’il faut en inscrire le nom hors des frontières, dans la mer.

Cette femme-là

Les chroniques d’Uri Avnery, 5 mai 2018
Ben Gourion a dit d’elle : ‟La seule chose que Golda Meir sache faire c’est haïr !” Golda Meir ne me haïssait pas. Ce serait un euphémisme. Elle me détestait. Ma façon de parler, ma façon de m’habiller, mon apparence. Tout. Un jour, au milieu d’un discours à la Knesset (je crois qu’il s’agissait de permettre aux Beatles de se produire en Israël) je m’interrompis pour dire : ‟Maintenant je veux répondre à la député Golda Meir…”

Le vrai vainqueur

Les chroniques d’Uri Avnery, 28 avril 2018
Au cinquième jour de la guerre des Six-Jours en 1967, j’ai publié une lettre ouverte au Premier ministre Levy Eshkol. L’armée israélienne venait de conquérir la Cisjordanie, Jérusalem Est et la bande de Gaza, et je suggérai qu’Eshkol propose au peuple palestinien d’y établir l’État de Palestine en contrepartie de la paix avec Israël. J’étais membre de la Knesset à l’époque. Deux jours après la fin de la guerre, Eshkol m’invita à le rencontrer à son bureau de la Knesset. Il écouta ce que j’avais à dire, puis répondit avec un sourire paternel : ‟Uri, quel genre de négociateur êtes-vous ? Dans une négociation, on propose le minimum et on demande le maximum. On se met alors à négocier et on finit par aboutir à un accord quelque part entre les deux. Et là vous voulez tout offrir avant même l’ouverture de négociations ?”

Le grand jour

Les chroniques d’Uri Avnery, 21 avril 2018
Il y a deux jours, l’État d’Israël célébrait son 70e anniversaire. Des jours durant nous n’entendîmes rien d’autre. D’innombrables discours pleins de platitudes. Un énorme festival de kitsch. Tout le monde était d’accord : c’était un moment historique, celui où David Ben-Gourion se leva dans une petite salle de Tel Aviv pour déclarer la création de l’État. À tous ceux qui étaient encore vivants, on demanda cette semaine : où étiez-vous à ce moment-là ? Qu’avez-vous ressenti, lorsque l’histoire a frappé à la porte ? Eh bien, j’étais vivant. Et je n’ai rien ressenti du tout.

Aveugles à Gaza

Les chroniques d’Uri Avnery, 14 avril 2018
Écrivez : moi, Uri Avnery, soldat N° 44410 de l’armée israélienne, par la présente je me désolidarise des tireurs d’élite de l’armée qui tuent des manifestants non armés sur la frontière de la Bande de Gaza, et de ceux qui les commandent et leur donnent des ordres, jusqu’au commandant en chef. Nous n’appartenons pas à la même armée, ni au même État. Nous n’appartenons guère à la même race humaine. Mon gouvernement commet-il des ‟crimes de guerre” le long de la frontière de la Bande Gaza ? Je ne sais pas. Je ne suis pas juriste. Il semble que les responsables de la Cour pénale Internationale croient que les actions de nos soldats constituent des crimes de guerre. Ils demandent une enquête internationale.

Une chanson est née

Les chroniques d’Uri Avnery, 7 avril 2018
Un ami d’outre mer m’a adressé l’enregistrement d’une chanson. Une chanson arabe, sur une douce mélodie arabe, chantée par un chœur de filles arabes, accompagnées à la flûte. Elle donne ceci Ahed / Tu es la promesse et la gloire / Debout comme un olivier / Du berceau à ce jour / Ton honneur ne sera pas bafoué / Palestine a été plantée en nous / Comme un quai pour le bateau / Nous sommes la terre et tu es l’eau / Tu es couverte de blonds cheveux. Tu es aussi pure que Jérusalem. Tu as enseigné à notre génération comment devrait se révolter le peuple oublié. Ils pensaient que les Palestiniens avaient peur d’eux parce qu’ils portent une cuirasse et qu’ils tiennent une arme. Palestine a été plantée en nous. Comme un quai pour le bateau. Notre nation doit être unie et résister pour la liberté de la Palestine et des prisonniers.

« Déverse ta colère »

Les chroniques d’Uri Avnery, 31 mars 2018
J’allais un article sur la veille de Pessah quand je me suis rappelé avoir écrit exactement le même article il y a six ans. Je vous renvoie donc l’ancien article – je n’ai rien à y ajouter. J’écris ce vendredi soir, veille de Pessah. Au même moment, dans le monde entier, des millions de Juifs sont réunis autour de la table familiale, pour la cérémonie du Seder, lisant à haute voix le même livre : la Haggadah, qui raconte l’histoire de l’Exode d’Égypte. L’impact de ce livre dans la vie juive est immense. Tous les Juifs prennent part à cette cérémonie depuis leur plus tendre enfance en ayant un rôle actif dans le rituel. Où qu’il soit, tout au long de sa vie, le Juif, homme ou femme, garde le souvenir de la chaleur et de la convivialité de la famille, de l’atmosphère merveilleuse – et du message clair ou subliminal porté par le texte.

Fils de chienne

Les chroniques d’Uri Avnery, 24 mars 2018
Plus Mahmoud Abbas approche de la fin de son règne, plus sa parole devient dure. Parlant récemment de Donald Trump, il a sorti ces mots : ‟Que votre maison soit détruite”. En arabe c’est une malédiction courante, et elle sonne moins violemment qu’en anglais. Mais, même en arabe, ce n’est pas un propos habituel quand on parle d’un chef d’État. Cette semaine Abbas a parlé de l’ambassadeur des États-Unis en Israël, David Friedman, et l’a qualifié de ‟fils de chienne”. Cela aussi est légèrement moins injurieux en arabe qu’en anglais, mais n’est guère diplomatique.

Le faux ennemi

Les chroniques d’Uri Avnery, 17 mars 2018
Je me souviens de cette blague à chaque fois que Benjamin Nétanyahou profère ses terrifiantes menaces contre l’Iran. La lutte contre l’Iran vient en tête de ses priorités. Il met en garde contre le danger que représenterait un effort de l’Iran de produire des armes nucléaires et le menace implicitement de notre arsenal nucléaire ‟secret”.

Parce qu’il n’y a rien

Les chroniques d’Uri Avnery, 3 mars 2018
Le déluge d’affaires de corruption qui se déversent aujourd’hui sur la famille Netanyahou, ses collaborateurs et serviteurs ne semble pas faire baisser sa popularité chez ceux qui se disent ‟le peuple”. Au contraire, selon les sondages d’opinion, les électeurs des autres partis nationalistes volent au secours de ‟Bibi”. Ils pensent que c’est un grand homme d’État, le sauveur d’Israël, et ils sont donc prêts à pardonner et à oublier tout le reste. Les énormes pots-de-vin, les dons généreux, tout. Bizarre. Parce que ma position est exactement inverse. Je ne suis pas prêt à pardonner quoi que ce soit à ‟Bibi” du fait qu’il est un grand homme d’État, parce que je pense qu’il est un homme d’État médiocre. En fait, pas homme d’État du tout.

Allez en paix

Les chroniques d’Uri Avnery, 24 février 2018
Je dois faire un aveu : je ne déteste pas Nétanyahou. Je ne déteste pas non plus Sara’le. En général, je ne déteste pas les gens. À la seule exception des gens qui trahirent la confiance que j’avais en eux et tentèrent de me planter un couteau dans le dos. Pas plus de deux ou trois personnes de toute ma vie. Je ne vais pas les nommer. Je n’ai pas rencontré Nétanyahou en privé plus de deux ou trois fois. Une fois il me présenta à sa seconde épouse dans le couloir de la Knesset. Elle me fit l’effet d’une charmante jeune femme. La seconde fois nous nous sommes rencontrés à une exposition de photos, dans laquelle il y avait une photo de moi portant un casque de pilote. (Je ne sais ni comment ni pourquoi).

Pitié pour l’amandier

Les chroniques d’Uri Avnery,  17 février 2018
Pitié pour l’amandier, en particulier lorsqu’il est en pleine floraison. La fleur de l’amandier s’appelle, en allemand, mandelblüt. C’est aussi le nom du principal responsable juridique d’Israël, qu’on appelle ‟le Conseiller juridique du gouvernement”. Le Conseiller juridique est nommé par le gouvernement, mais il est supposé être totalement indépendant. C’est dans la pratique le Procureur général, la personne qui a le dernier mot quand il s’agit d’inculper des gens, en particulier le Premier ministre. C’est en ce moment son triste lot. Aujourd’hui Mandelblit (comme nous prononçons son nom en hébreu) est dans une situation impossible. Le Premier ministre a été officiellement accusé par la police dans deux affaires de corruption. Et Mandelblit doit décider s’il doit être traduit en justice.

Le parlement bondissant

Les chroniques d’Uri Avnery, 27 janvier 2018
Il y a des années, j’étais alors membre de la Knesset, je décidai d’organiser une manifestation au sein du Parlement. Je mis un tee-shirt affichant le slogan ‟La paix est plus grande que le Grand Israël”. En plein débat, j’enlevai ma veste, faisant apparaître le slogan. Quelques minutes après, un huissier s’approcha de moi et me dit poliment : ‟le président du Parlement aimerait vous voir dans son bureau.” Le président était Yitzhak Shamir, ancien dirigeant du groupe terroriste clandestin Lehi. Il m’accueillit avec un large sourire, me pria de m’asseoir et me dit : ‟Uri, tu as fait valoir ton point de vue. Je te prie maintenant de retirer ton tee-shirt et de reprendre ta place !” Bien sûr, c’est ce que je fis.

Le fils de Bibi, ou : Trois hommes dans une voiture

Les chroniques d’Uri Avnery, 13 janvier 2018
Non, je ne veux pas écrire sur l’affaire de Yaïr Nétanyahou. Je m’y refuse catégoriquement. Aucune force au monde ne m’obligera à le faire. Pourtant je suis ici, en train d’écrire sur Yaïr, bon sang. Je ne peux pas y résister. Et peut-être est-ce en fait plus qu’un sujet de ragot. Peut-être est-ce quelque chose que nous ne devons pas ignorer. C’EST TOUTE une conversation entre trois jeunes gens dans une voiture, il y a environ deux ans. L’un de ces jeunes gens était Yaïr, l’aîné des deux fils du Premier ministre.

Pourquoi je suis en colère

Les chroniques d’Uri Avnery,  6 janvier 2018
Je suis en colère contre l’élite mizrahi. Et même très en colère. Mizra est le mot hébreu pour Orient. Les Juifs orientaux sont ceux qui vivaient depuis des siècles dans le monde islamique. Les Juifs occidentaux sont ceux qui vivaient dans l’Europe chrétienne. Ce sont, bien entendu, des termes inappropriés. Les Juifs russes sont des ‟occidentaux”, les Juifs marocains sont des ‟orientaux”. Un coup d’œil à la carte montre que la Russie est très à l’est du Maroc. Il serait plus exact de les appeler ‟septentrionaux” et ‟méridionaux”. Trop tard maintenant.

L’homme qui sauta

Les chroniques d’Uri Avnery, 30 décembre 2017
Personne n’a mieux raconté le déclenchement du conflit israélo-palestinien que l’historien Isaac Deutscher. Un homme vit dans une maison qui prend feu. Pour sauver sa vie, il saute par la fenêtre. Il atterrit sur un passant dans la rue en-dessous et le blesse grièvement. Entre les deux naît une violente hostilité. Bien sûr, aucune parabole ne peut refléter exactement la réalité. L’homme qui sauta de la maison en feu n’a pas atterri sur ce passant particulier par hasard. Le passant devint invalide à vie. Mais, dans l’ensemble cette parabole est meilleure que toute autre de ma connaissance. Deutscher n’a pas apporté de réponse à la question de comment résoudre le conflit. Les deux sont-ils condamnés à se combattre indéfiniment ? Y a-t-il seulement une solution ?

Pleure ô pays bien-aimé

Les chroniques d’Uri Avnery, 23 decembre 2017
Quiconque préconise la peine de mort est soit un fou complet, ou un incorrigible cynique ou est perturbé mentalement – soit il est tout cela à la fois. Il n’y a pas de thérapie efficace pour tous ces défauts. Je n’essaierais même pas. Un fou ne comprendrait pas les preuves écrasantes de ce à quoi cela conduit. Pour un cynique, plaider en faveur de la peine de mort représente un apport de voix reconnu. Un individu atteint de troubles mentaux éprouve du plaisir à la pensée même d’une exécution. Je ne m’adresse à aucun de ceux-là, mais aux citoyens ordinaires d’Israël. Laissez-moi commencer par répéter l’histoire de mon expérience personnelle.

Enfants des pierres

Les chroniques d’Uri Avnery, 16 decembre 2017
Grand Dieu, sont-ils fous ? Ils se rassemblent sur la place du marché, des gamins de 15 ou 16 ans, ils ramassent des pierres et les lancent sur nos soldats qui sont armés jusqu’aux dents. Les soldats tirent, quelquefois au-dessus des têtes, quelquefois directement sur eux. Tous les jours il y a des blessés, tous les quelques jours il y a des morts. Pour quoi ? Ils n’ont pas la moindre chance de changer la politique d’occupation israélienne. Ce n’est que très rarement que les gamins touchent un soldat et lui causent une légère blessure. Pourtant ils continuent. Pourquoi ? Un de mes amis m’a envoyé un article d’un Palestinien respecté. Il raconte sa première manifestation, il y a des années.

Roi et empereur

Les chroniques d’Uri Avnery, 2 décembre 2017
Le sionisme est un credo antisémite. Et cela depuis le début. Déjà le père fondateur, Theodor Hertzl, un écrivain viennois, avait écrit quelques textes présentant une tendance antisémite claire. Pour lui le sionisme ne fut pas une simple transplantation géographique, mais aussi un moyen de faire du Juif affairiste méprisable de la diaspora un être humain debout, industrieux. Hertzl se rendit en Russie afin d’y gagner le soutien à son projet de ses dirigeants antisémites déclencheurs de pogroms, promettant de les débarrasser des Juifs.

Une terrible pensée

Les chroniques d’Uri Avnery, 25 novembre 2017
Soudain, une terrible pensée me frappe. Et si Avi Gabbay pensait réellement ce qu’il dit ? Impossible. Il ne peut pas réellement croire toutes ces choses. Non, non. Mais s’il les croit ? Que devons-nous en penser ? Avi Gabbay est le nouveau leader du parti travailliste israélien. Jusqu’à récemment, c’était l’un des membres fondateurs d’un parti de la droite modérée, Kulanu (‟Nous tous”). Sans avoir jamais été élu à la Knesset, il a occupé une fonction ministérielle secondaire. Il a démissionné quand Avigdor Lieberman, considéré par beaucoup de gens comme un semi-fasciste (et le ‟semi” est loin d’être certain), a été admis à rejoindre le gouvernement comme ministre de la Défense, le deuxième poste en ordre d’importance.

Une histoire d’idiotie

Les chroniques d’Uri Avnery, 18 novembre 2017
Je suis furieux. Et j’ai de bonnes raisons de l’être. J’allais écrire un article sur un sujet auquel je pense depuis longtemps. Cette semaine, j’ouvre le New York Times et voilà que dans ses pages d’opinions apparaît mon article non encore écrit, intégralement, argument par argument. Pourquoi ? Je n’ai qu’une explication : l’auteur – j’ai oublié son nom – a volé les idées dans ma tête par des moyens magiques, que l’on peut certainement qualifier de criminels. Quelqu’un a un jour essayé de me tuer pour lui avoir fait la même chose. Alors j’ai décidé d’écrire cet article malgré tout.