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Israël: vers un isolement inédit?

Je ne suis pas Israélien mais je connais bien de nombreux Israéliens, dont Elie Barnavie. Ce qu’il se passe doit être extrêmement lourd pour eux. Mais moi je parle en tant qu’Européen, et on a notre part de responsabilité en tant qu’Européen. Je n’ai jamais vécu une période comme celle-ci en tant qu’Européen, civil et universitaire. Je n’ai jamais vu une situation aussi tragique avec si peu de prise de conscience des politiques et des journalistes. Je n’imaginais pas que dans une situation où à l’évidence il s’agit d’un nettoyage ethnique annoncé avec en plus la volonté de faire disparaître, et c’est déjà le cas, de 90% de la population avec 2 millions de gens en errance. Nous avons vu ces séquences dans les livres d’histoire en nous demandant comment cela a été possible. Aujourd’hui je me rends compte pourquoi cela a été possible. Au fond, il y a une large indifférence : nos relations avec Israël sont ce qu’elles sont. D’une certaine façon Israël est un pays européen, donc nous n’avons pris aucune distance depuis des mois. Nous commençons à les prendre. On doit faire la distinction sans oublier que ce gouvernement est soutenu par une fraction importante du peuple palestinien. C’est quelque chose de bouleversant, et le fait qu’on n’agisse pas en urgence est quelque chose que je ne comprends pas. Les Européens sont globalement assez lâches par rapport à ce qu’il se passe. Néanmoins leur réaction est entachée d’une lourdeur bureaucratique infinie. Nous sommes en face de quelque chose qui, au-delà du Proche Orient, peut être le signe du basculement d’un nouveau monde. Le droit international s’effondre alors qu’il a mis des décennies à être bâti. Au fond on oublie l’essentiel : c’est-à-dire le rapport à l’humanité. Nous sommes dans un déni d’humanité, nous ne réagissons pas avec l’urgence et la force nécessaire aujourd’hui. 

Deux mots : le premier sur l’indifférence. Bien sûr que l’opinion publique est très sensibilisée. Mais quand on discute, je le fais souvent avec les politiques et diplomates, jusqu’à une période récente, il y avait une espèce de distanciation que je ne comprenais pas vu l’urgence de la situation. Puis surtout ce qui me parait vraiment très important : on n’est plus dans une guerre avec des objectifs qui ensuite pourrait avoir des objectifs politiques. On est au-delà : sur ordre du gouvernement, l’armée israélienne a rasé la ville de Rafah et Khan Younès. On a vu les images de la ville de Rafah systématiquement détruite. J’ai vu une unité spéciale pour détruire les universités. C’est-à-dire qu’il y a des soldats israéliens chargés de déposer des explosifs dans des universités. On a donc systématiquement liquidé les 12universités, c’est un fait. On a vu sur CNN les soldats déposer les explosifs. Nous avons donc une destruction systématique : c’est toute la ville qui est rasée. Et c’est pour ça que nous sommes dans l’urgence, nous sommes dans une situation que je n’ai jamais vu. Pour voir quelque chose d’aussi terrible il faut remonter à l’ex-Yougoslavie. Il y a une urgence humanitaire et d’humanité.Ce qui me choque le plus dans cette affaire est que l’on peut encore discuter des objectifs de Netanyahou alors qu’il l’a dit : il veut mettre en place le plan de Trump qu’il fallait écraser et vider le plan de Gaza. 

Jean-Paul Chagnollaud, président d’honneur de l’iReMMO.

ÉDITO

ÉDITO

Israël-Palestine: pour un retour au politique

Si la première phase du cessez-le-feu initié à Gaza depuis le 19 janvier 2025 a tenu, les perspectives de mise en oeuvre de la seconde – devant permettre la libération de tous les otages restants en échange de celle de prisonniers palestiniens et le retrait total de l’armée israélienne de la bande de Gaza – semblent beaucoup plus incertaines. Comme l’est encore bien davantage l’issue de cette guerre et, plus fondamentalement, celle du conflit israélo-palestinien. Deux chemins sont possibles. L’un conduisant vers une guerre sans fin, l’autre ouvrant vers des perspectives de paix.

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LES ANALYSES DE CONFLUENCES

LES ANALYSES DE CONFLUENCES

Emploi et mobilité des jeunes en Méditerranée : une question stratégique….en quête de stratégie

Iván Martin, 26 octobre 2012
60 millions de jeunes entre 15 et 29 ans vivent dans les pays arabes méditerranéens. Parmi eux, un tiers sont dans le système éducatif, 2% seulement ont un emploi formel, 25% ont des emplois informels et près de 40% – soit 24 millions – ne sont ni dans le système éducatif ou la formation ni sur le marché de l’emploi (Pour mémoire, dans les pays de l’OCDE, les jeunes « ni-ni » représentent en moyenne 15% de la population de cette classe d’âge, et le pays ayant le taux le plus élevé, l’Espagne, se situe à 23%, qui plus est avec un volume d’emplois informels marginal). 65% des jeunes des pays arabes méditerranéens sont ainsi exclus de fait de tout emploi décent. Parmi les jeunes femmes, cette proportion est de plus de 80%. En somme, les pays arabes méditerranéens sont la région du monde avec le plus haut taux de chômage du monde, y compris parmi les jeunes et le plus bas taux de participation des femmes au le marché de travail.

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Lettre d’information de l’iReMMO