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Reconnaissance d’un État palestinien: quelles conséquences?

La France vient de reconnaître officiellement l’État de Palestine, une décision longtemps différée malgré l’initiative du Parlement français dès 2014. Emmanuel Macron, après plusieurs hésitations, a finalement franchi le pas, motivé par la gravité de la guerre à Gaza et par les crimes attribués à l’armée israélienne. Cette reconnaissance n’est pas qu’un acte symbolique: elle vise à relancer un processus diplomatique auquel d’autres États devraient se joindre. Toutefois, l’écart entre les principes du droit international et la réalité du terrain pourrait en compromettre l’efficacité.

Le monde entre dans une ère où les rapports de force dominent sur les normes juridiques. Sans menaces ou sanctions européennes, ou encore sans pressions de la part des pays arabes, ce processus risque d’échouer. Nous sommes à un tournant comparable à celui d’Oslo, mais en sens inverse, tant la dynamique sur le terrain, marquée par la guerre et les déplacements forcés, l’emporte sur les efforts diplomatiques.

À Gaza, Israël s’est lancé dans un processus de nettoyage ethnique : des centaines de milliers de Palestiniens sont poussés au départ à travers destructions, blocus et privations. Or, le droit international interdit les déportations et l’usage de la famine comme arme de guerre. Les textes onusiens du 5 août rappelaient ces principes fondamentaux, opposés à la réalité des violences actuelles. Cette rupture entre les valeurs juridiques et les paradigmes de force illustre un basculement mondial, également perceptible en Ukraine ou en Asie.

La colonisation, qui découle de l’occupation israélienne commencée en 1967, s’est transformée après 1977 avec l’idéologie du Likoud affirmant que ces territoires ne sont pas occupés mais libérés. On compte aujourd’hui plus de 700 000 Israéliens installés en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Cette expansion s’accompagne d’expulsions et d’une dépossession des terres palestiniennes. Elle conduit au risque d’un système structurellement discriminatoire assimilable à l’apartheid. En cas d’annexion, les Palestiniens deviendraient des citoyens de seconde zone, condamnés à la colère et à la révolte.

Face à l’impasse, la France propose de revitaliser l’Autorité palestinienne, issue des accords d’Oslo, en organisant sous 18 mois de nouvelles élections dans l’ensemble des territoires palestiniens. L’idée serait d’écarter le Hamas au profit d’une gouvernance renouvelée et légitime. Cependant, cette perspective se heurte aux stratégies israéliennes d’imposer des faits accomplis sur le terrain, comme le projet E1, qui fragmenterait davantage la Cisjordanie et rendrait improbable tout futur État palestinien viable.

Le contexte actuel est extrêmement dangereux: Israël poursuit une course contre la montre en modifiant irréversiblement la réalité territoriale tandis que la communauté internationale peine à imposer ses principes par le refus d’appliquer des sanctions. La colonisation et les expulsions alimentent la haine et préparent de nouvelles générations de Palestiniens à la résistance. Tant que le processus diplomatique ne sera pas appuyé par un réel rapport de force et par des sanctions crédibles, il risque de s’effondrer face à une logique de guerre et de domination contraire aux valeurs fondatrices du droit humanitaire et international.

ÉDITO

ÉDITO

Israël-Palestine: pour un retour au politique

Si la première phase du cessez-le-feu initié à Gaza depuis le 19 janvier 2025 a tenu, les perspectives de mise en oeuvre de la seconde – devant permettre la libération de tous les otages restants en échange de celle de prisonniers palestiniens et le retrait total de l’armée israélienne de la bande de Gaza – semblent beaucoup plus incertaines. Comme l’est encore bien davantage l’issue de cette guerre et, plus fondamentalement, celle du conflit israélo-palestinien. Deux chemins sont possibles. L’un conduisant vers une guerre sans fin, l’autre ouvrant vers des perspectives de paix.

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LES ANALYSES DE CONFLUENCES

LES ANALYSES DE CONFLUENCES

La désertification : un enjeu géopolitique émergent

Sébastien Abis, 22 juin 2009
La Journée mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse, le 17 juin de chaque année, marque l’anniversaire de l’adoption de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD), créée en 1992, suite à une recommandation du Sommet Planète Terre de Rio. Selon l’article 1 de cette Convention, la désertification désigne « la dégradation des terres dans les zones arides, semi-arides et sub-humides sèches par suite de divers facteurs, parmi lesquels les variations climatiques et les activités humaines ». La désertification désigne ainsi le déclin irrévocable ou la destruction du potentiel biologique des terres et de leur capacité à supporter ou à nourrir les populations. Un milliard d’habitants sur la planète serait actuellement menacé par la désertification.

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Lettre d’information de l’iReMMO