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Après le retrait de Moqtada Sadr, l’Irak s’embrase

Après neuf mois de crise politique et de paralysie institutionnelle, l’Irak s’est réveillé, mardi, dans la violence que d’aucuns craignaient voir exploser. Si Moqtada Sadr joue finalement l’apaisement, rien ne dit qu’il garde le contrôle sur ses partisans.

Après une nuit d’accalmie, et en dépit du couvre-feu, les violences ont repris de plus belle, mardi matin, à Bagdad, où des tirs d’obus de mortier ont atteint le quartier institutionnel sécurisé de la « zone verte ». Lundi soir, le bilan de ces affrontements entre camps chiites rivaux par milices interposées était déjà de 23 morts et 380 blessés.

« Moqtada Sadr a obtenu ce qu'il voulait, à savoir montrer qu'il reste incontournable sur l'échiquier politique. »

Moqtada Sadr, le leader populiste à l’origine de cet embrasement, a appelé au retrait de ses partisans mardi, en fin de matinée, faisant espérer une trêve. Laissant deviner, aussi, que son retrait annoncé de la vie politique était avant tout un mouvement tactique.

Tenant d’une ligne nationaliste dure, opposée à l’influence iranienne exercée via les partis rivaux, Moqtada Sadr était sorti gagnant des dernières législatives en octobre 2021. Mais pas suffisamment pour gouverner seul. Il a refusé le jeu des coalitions, cherchant à tout prix une position majoritaire, mathématiquement impossible, pour contrer, entre autres, son principal rival, l’ancien Premier ministre Nouri al-Maliki. 

Depuis neuf mois, l’Irak est paralysé par la crise politique , aucun gouvernement n’a pu émerger des négociations, quels que soient les coups de poker des uns et des autres. Au cours de l’été, les sadristes ont régulièrement fait irruption dans le parlement, accentuant la pression.

Vers de nouvelles élections

« Moqtada Sadr a obtenu ce qu’il voulait, estime Agnès Levallois, experte en géopolitique arabe à la Fondation pour la recherche stratégique, à savoir montrer qu’il reste incontournable sur l’échiquier politique. » Aujourd’hui, tous les acteurs de cette guerre interchiite sont d’accord pour un nouveau scrutin, mais chacun tente d’imposer des modalités et un calendrier qui lui assurent la mainmise sur un pays morcelé, où 56,7 % de l’électorat s’était abstenu l’année dernière.

« Le risque de guerre civile est réel, car rien ne dit que les partis gardent le contrôle sur leurs factions »

Comment compte réagir le parrain iranien ?

« Traditionnellement partisan d’un Irak affaibli mais stable, qu’il considère comme son pré carré, il semble prêt, cette fois, à prendre le risque de l’affrontement », explique Robin Beaumont, directeur du programme Moyen-Orient du think tank Noria. Téhéran soutient plus que jamais le clan hostile à Moqtada Sadr.

« La classe politique joue un jeu dangereux », estime Agnès Levallois. Les masses acquises à Moqtada Sadr sont issues d’une classe urbaine jeune, paupérisée, excédée par une crise économique, à laquelle aucune solution ne se dessine. Et l’Irak est saturé d’armes – les milices pro-iraniennes avaient pris une part notable à la guerre contre Daech. « Le risque de guerre civile est réel, car rien ne dit que les partis gardent le contrôle sur leurs factions », observe encore la politologue.

Laura-Maï Gaveriaux (Correspondante à Dubaï)

ÉDITO

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Israël-Palestine: pour un retour au politique

Si la première phase du cessez-le-feu initié à Gaza depuis le 19 janvier 2025 a tenu, les perspectives de mise en oeuvre de la seconde – devant permettre la libération de tous les otages restants en échange de celle de prisonniers palestiniens et le retrait total de l’armée israélienne de la bande de Gaza – semblent beaucoup plus incertaines. Comme l’est encore bien davantage l’issue de cette guerre et, plus fondamentalement, celle du conflit israélo-palestinien. Deux chemins sont possibles. L’un conduisant vers une guerre sans fin, l’autre ouvrant vers des perspectives de paix.

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LES ANALYSES DE CONFLUENCES

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Il faut aller en Tunisie : notes d’un tour dans l’Extrême-Sud (juillet 2011)

François Pouillon, 27 août 2011
Invité en Tunisie pour participer à une école doctorale organisée par un laboratoire de sciences sociales de l’université de Tunis (Diraset), j’en ai saisi l’occasion pour faire, avec de jeunes collègues, un tour dans le Sud-Est, une région que je connaissais assez bien pour y avoir enquêté dans les années 1970. J’en ai rapporté ces impressions de voyage. Encore une fois, ce voyage a été précédé de nouvelles alarmistes . Mes amis de Tunis m’engagent à la prudence : des classes dangereuses aux coupeurs de route, il n’y a qu’un pas, et on signale des poches d’insécurité dans la région de Sidi Bou Zid, épicentre de la révolution démocratique. D’autres vont commenter : il semble que cela arrangerait bien le gouvernement provisoire, en facilitant un regroupement grégaire autour de la ligne qu’il incarne. Je ne suis pourtant pas descendu au Sud par cette route des steppes : pour aller au Sud-Est, mon objectif, la nouvelle autoroute de la côte nous conduit en quelques heures à Gabès.

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Lettre d’information de l’iReMMO