C’est une séquence qui est nouvelle car c’est la première fois que l’Iran attaque le territoire israélien, mais en même temps c’est lié, il ne faut jamais l’oublier au fait que les Israéliens aient attaqué un bâtiment diplomatique iranien ce qui est absolument contraire à toutes les conventions de Viennes et donc il était évident que c’était une provocation de la part des israéliens et ça ne pouvait pas ne pas conduire à une riposte iranienne. Et pendant qu’on parle de tout ça, ici comme ailleurs, il est clair qu’on oublie ce qui se passe à Gaza. Or, la guerre à Gaza et en Cisjordanie, elle continue et dans des conditions terribles. Il faut revenir à la souche de cette affaire qui est quand même ce qui se passe à Gaza.
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Un nouveau cap est franchi avec l’attaque iranienne sur le territoire israélien. Cette attaque répond à la frappe israélienne sur le consulat iranien à Damas, rendant une riposte évidente.
Dans les deux cas, les gouvernements ont cherché à faire des réponses calibrées. A minima, la riposte israélienne l’a été. Une escalade entrainerait un embrasement régional qui rendrait tout le monde perdant, créant une tragédie dans la tragédie.
Après avoir effectué sa réponse à Israël, l’Iran a communiqué que “l’incident est clos”. Par conséquent, la minimisation par l’Iran de la riposte israélienne sert un jeu très complexe d’ambiguïté politique et stratégique où les coups reçus sont minimisés et la capacité de défense amplifiées.
Israël pourrait-il assumer le combat sur autant de fronts ?
Je pense que l’essentiel pour Netanyahou aujourd’hui, c’est Gaza. Dans Gaza on voit ce qu’il se passe, c’est tout de même quelque chose de terrible, on est à 34 000 morts sans compter ceux qui ne sont pas décomptés, une grande partie des Gazaouis est à Rafah maintenant et ne peut plus revenir au Nord, au Nord c’est une catastrophe à tout les égards et la prochaine étape je le crois, c’est l'attaque de Rafah. On entend que cette attaque est préparée et en train de commencer et cela signifie qu’une partie de la population de Rafah devrait franchir la frontière alors que l’Égypte a dit qu’elle n’en voulait pas.
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Je crois que le plan c’est raser Gaza, et si possible, ça a été dit dans la presse israélienne, il s’agit de chasser autant que possible la population Gazaouis. Il y a deux façons de le faire : en rendant le territoire invivable, ce qui est déjà le cas. Ceux qui pourraient rentrer au nord même si c’est impossible qu'ils le fassent n’ont plus rien et ceux qui sont au sud du côté de Rafah risquent de subir cette attaque israélienne et de traverser cette frontière [avec l'Égypte]. S'ils traversent cette frontière par dizaine de millier ça veut dire que c’est du nettoyage ethnique.
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Nous vivons en ce moment une séquence de l’histoire très importante. Plus rien ne sera comme avant après ce qu’il s’est passé le 7 octobre. Netanyahou joue sa carte personnelle mais il est dans une impasse stratégique et cette destruction de Gaza va donner une génération de jeunes palestiniens qui n’auront qu’une envie c’est de prendre les armes dans les temps qui viennent, ce sera une tragédie qui va engendrer les tragédies de demain. La seule issue c’est de faire en sorte qu’on essaie de revenir à la volonté d’un règlement politique globale.
La France, et les Occidentaux en général, est tout à fait critiqué pour toutes ces raisons. On promet et on promeut des valeurs de respect de la dignité humaine, du droit international et on ne réagit pas comme il le faudrait.
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L’adhésion de la Palestine à l’ONU a été retoquée. Le véto américain montre que les américains n’ont pas de véritable politique. Ils défendent l’idée que ce conflit devrait trouver une résolution, un règlement politique pour aboutir à terme à une solution à deux États mais lorsqu’une première étape, indispensable, pourrait être franchie dans ce sens avec cette adhésion, ils s’opposent à cette action. De même, lorsqu’ils se sont abstenus pour le vote du cessez-le-feu ils ont ensuite déclaré que cette décision était non-contraignante, ce qui est totalement faux. Chaque État membre de l’ONU a signé la Charte, stipulant le caractère contraignant et l’engagement de respecter les décisions du Conseil.
Les États-Unis ont une responsabilité dans ce qu’il se passe. Il y a de l’agacement, mais ce n’est pas l’agacement qui fait l’histoire et les européens, eux renvoient l’image de « parler mais ne rien faire”.
Quelle issue ?
Il y a deux issues possibles. La première c’est une issue par le droit international, on assure les règles du droit pour aller vers un règlement politique. Et l’autre issue, et malheureusement c’est celle qui est en train de se mettre en place, c’est les rapports de force à l’état pur. Les rapports de force à l’état pur ça veut dire qu’on reste dans une conjoncture, que le plus fort écrase le plus faible dans des conditions dramatiques. Cela ne règlera rien et ça nourrira au contraire les tragédies de demain. Si cette conjoncture continue, cela veut dire que le conflit israélo-palestinien aura eu cette séquence terrible mais rien n’en sortira de positif et au contraire, les haines et les volontés de revanche sont là nourries par ces agressions. D’où l’urgence d’aller vers l’autre voie, la voie du droit international, tout est dit dans le droit international.
Jean-Paul Chagnollaud, président de l’iReMMO.