Le 8 décembre 2024 marquait la fin d’un des régimes les plus autoritaires du Moyen-Orient. Après plus de cinquante ans de domination par la famille al-Assad et treize ans de guerre récente, Bachar al-Assad tombe. À sa place, un groupe rebelle islamiste, le HTC, dirigé par Ahmed Al-Charaa, ancien djihadiste, prend le pouvoir. Reçu avec les honneurs par plusieurs dirigeants occidentaux, il tente de lisser son image et de présenter une nouvelle vision pour la Syrie. Mais qu’en est-il réellement un an après ?
Tous les Syriens aspirent aujourd’hui à autre chose. Après des décennies d’autoritarisme, la possibilité d’exprimer ses opinions, que ce soit dans les cafés ou lors de réunions, est une nouveauté majeure. Les divisions communautaires – sunnites, alaouites, chrétiens et autres minorités – restent vives, et beaucoup continuent d’associer certaines communautés au régime précédent, même lorsque ce n’était pas le cas. Le défi du nouveau pouvoir est immense : rassurer l’ensemble des communautés et reconstruire un sentiment de vie commune malgré les traumatismes du passé.
La reconstruction économique et sociale est en cours : retour progressif de l’électricité, soutien de pays comme l’Arabie Saoudite et le Qatar, efforts pour relancer l’économie. Mais l’impatience est palpable. Les jeunes, qui ont fui pendant la guerre, continuent parfois à quitter le pays pour leurs études. La représentation politique reste incomplète, notamment pour les femmes, encore très peu présentes dans les structures gouvernementales.
Le nouveau régime doit également composer avec des enjeux extérieurs délicats. Les frappes israéliennes sur les infrastructures militaires syriennes rappellent les risques régionaux, tandis que la reconnaissance internationale obtenue grâce à la diplomatie d’Al-Charaa constitue un levier pour la reconstruction et la levée progressive des sanctions.
Un an après, la Syrie est en transition fragile mais porteuse d’espoir. La société syrienne est prête à tourner la page, mais le chemin vers la paix, la réconciliation et la prospérité reste semé d’embûches.
Intervention d’Agnès Levallois