Édito
Europe-Méditerranée : une communauté de destin ?
Nos façons de parler ne sont jamais innocentes, et nos expressions machinales traduisent souvent les malheurs et injustices du temps. Ainsi, l’expression que j’ai moi-même reprise à l’occasion de la conférence inaugurale du Salon Maghreb-Orient des livres à Paris : « Europe-Méditerranée », formule mise en circulation par la Conférence de Barcelone (1995) où Méditerranée, après le trait d’union, indique l’Autre, l’ailleurs, l’étranger, comme si l’Europe était devenue étrangère à son propre nombril historique, à sa matrice qu’est le Mare Nostrum, notre berceau devenu cimetière où ont disparu 17 000 migrants depuis 2014…
Adieu à Josette Audin
Josette Audin est morte victorieuse. Ses enfants, Michèle et Pierre, peuvent être fiers de leur maman. Une leçon de courage et d’intelligence: on ne perd à coup sûr que les combats qu’on ne mène pas. Dans mon Panthéon et celui, j’en suis sûr, de milliers d’autres, elle prend place aux côtés de Dolorès Ibarruri. Deux passionnarias…
Trump et le Moyen-Orient une politique irréfléchie de puissance
Le 16 décembre, le Sénat des États-Unis votait à une large majorité une résolution interdisant toute aide militaire américaine à la coalition dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen. Même si ce vote est symbolique, c’est la première fois que l’une des deux chambres du Congrès affirme sa souveraine autonomie sur une question de guerre ou de paix, sous le « War Powers Act » (loi fédérale de 1973 limitant les pouvoirs du Président d’engager les forces armées dans des conflits sans le consentement du Congrès). Le Sénat passait aussi une résolution mettant nommément en cause le Prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS) pour le meurtre de Jamal Khashoggi et exigeait des comptes à l’État saoudien.
Antisionisme, antisémitisme, sortir de l’amalgame
Le 16 juillet 2017, le président de la République française célèbre la 75e commémoration de la rafle du Vel d’Hiv. Pour la première fois, il a invité le Premier ministre israélien. Après avoir démontré la responsabilité du régime de Vichy dans la déportation des juifs, il conclut : « Nous ne céderons rien à l’antisionisme, car il est la forme réinventée de l’antisémitisme. » Étrange amalgame, puisqu’il confond, dans une même réprobation, un délit – le racisme antijuif – et une opinion qui conteste la pensée de Theodor Herzl.
Les puissances empêtrées au Moyen-Orient
Les mots nous cachent les choses. Comme on les utilise sans vraiment réfléchir à leur sens, on n’oublie qu’ils ne sont que des approximations pour tenter de saisir une réalité toujours en perpétuel mouvement. Quand, par exemple, on parle de puissance, le terme connote aussitôt une capacité de s’imposer par la force sans qu’on imagine d’emblée qu’elle puisse être faible, illusoire, fragile ou… impuissante. Et ce d’autant plus qu’on a tendance à réduire cette notion à sa seule dimension militaire en gommant toutes les autres: économique, financière, démographique, culturelle et politique. Ce à quoi il faut ajouter l’essentiel: l’intelligence des hommes ou son contraire.
L’Etat-nation du peuple juif
En ces temps de régression populiste et nationaliste un peu partout dans le monde, le gouvernement et le parlement d’Israël ont frappé très fort avec l’adoption, en juillet 2018, d’une loi fondamentale consacrant l’Etat d’Israël comme l’Etat-nation du peuple juif.