N° 74 – Été 2010
Dossier dirigé par Sébastien Abis.
Vouloir s’interroger sur « la Méditerranée sans l’Europe », c’est chercher, par delà l’impertinence de la formule, à explorer les nouvelles réalités géopolitiques d’un espace trop souvent fermé sur lui-même au niveau de la réflexion stratégique, alors qu’il est par nature une interface dynamique entre plusieurs régions qui se jouxtent, et qu’il constitue assurément une zone d’intérêts et de convoitises au coeur d’un Monde multipolaire où des puissances s’affirment aux côtés de celles révisant ou aiguisant leurs actions. La crise économique et financière, qui éclata en 2008, ne fait que précipiter depuis ce rééquilibrage du Monde 1 où le poids opérationnel de l’Europe, potentiellement très grand, s’affaiblit constamment. Dans ce cadre global, l’Euro-Méditerranée semble malheureusement vouée à ne demeurer qu’une idée en perpétuelle gestation. Pire, elle peut même apparaître comme le reflet des illusions géopolitiques de cette séquence historique (1989-2009) ayant fait basculer par à-coups le Monde dans un début de XXIe siècle désaxé, car la teneur des rapports Nord-Sud s’est métamorphosée.