Mercredi 31 mai 2023 | 12h30-14h
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Le 28 mai, le président turc Recep Tayyip Erdogan a été réélu pour un troisième mandat, remportant 52% des suffrages contre Kemal Kiliçdaroglu. L’AKP est “économiquement libéral” et “conservateur”, deux lignes de mire qui ont assuré au parti “une base sociale électorale forte” en s’adaptant à la sociologie électorale pour cristalliser “la revanche sociale [des] exclus du système dominé par les kémalistes”.
Lors des éléctions, deux “blocs” Turcs se sont affrontés. D’une part, Erdogan, perçu par une frange importante de la population comme le seul “capable d’assumer les défis Turques”. D’autant plus que d’autre part, la coalition menée par Kiliçdaroglu est hétéroclite et donc fragilisée. Si l’opposition a d’abord fait bonne campagne en jouant l’apaisement, les axes développés entre les deux tours se sont plutôt inscrits dans une campagne “centrale et agressive”, qui a désarçonné une partie de leur électorat.
Aujourd’hui, avec l’hubris de la victoire, il semblerait qu’Erdogan pourrait même “aggraver sa politique liberticide”. L’opposition, quant à elle, devra se réarmer “pour tenter de s’opposer le plus efficacement possible aux mesures liberticides”. En ce qui concerne sa politique étrangère, Erdogan restera sûrement encore “pragmatique”, ne quittant pas forcément l’OTAN qui reste “sa meilleure assurance sécurité”. Au sein de l’Union Européenne, cette-dernière devrait peut-être abandonner l’idée de faire des droits humains “l’alpha et l’oméga de leur relation avec la Turquie”, et au lieu “trouver des sujets d’intérêt commun” .
Dans ce contexte politique, “l’obsession” occidentale actuelle avec l’Islam politique en Turquie semble moins pertinente que le développement inlassable du nationalisme turc, “le principal fléau”.
Didier Billion, directeur adjoint de l’IRIS, spécialiste du Moyen-Orient et de la Turquie. Auteur d’ouvrages et de nombreux articles sur les problématiques régionales, il a en outre rédigé de multiples études et notes de consultance pour des institutions françaises (ministère de la Défense, ministère des Affaires étrangères) ainsi que pour des entreprises françaises agissant au Moyen-Orient. Il a rejoint l’IRIS en 1991 et en est devenu l’un des directeurs adjoints, après avoir été directeur des études, puis directeur des publications et rédacteur en chef de La Revue internationale et stratégique. Il a publié Géopolitique des mondes arabes (Eyrolles, 2021) et La Turquie, un partenaire incontournable (Eyrolles, 2021).
Modération : Jean-Paul Chagnollaud, président de l’iReMMO.