Un entretien de Monika Borgmann et Lokman Slim à propos de « Massaker. Sabra et Chatila par ses bourreaux »

Photo de Lokman Slim, Monika Bergmann et Sandra Barrère

Conversation entre Monika Borgmann et Lokman Slim sur le film-documentaire Massaker : Sabra et Chatila par ses bourreaux, dont ils sont les réalisateurs avec Hermann Theissen. Les propos ont été recueillis par Sandra Barrère.

La publication de cet entretien s’inscrit dans la série des hommages qui font suite à l’assassinat le 4 février 2021 au sud du Liban de l’intellectuel libanais. Unanimement reconnu pour sa grande culture, la finesse de ses raisonnements et l’âpreté de ses critiques à l’égard du Hezbollah, Lokman Slim était surtout un être libre. À ce titre, il exerçait son esprit critique tous azimuts, aussi bien à l’endroit du régime syrien, comme en témoigne le film Tadmor (Palmyre) cosigné avec Monika Borgmann en 2017, qu’à l’endroit de l’armée israélienne, ce que le documentaire Massaker, sorti en 2006, manifeste nettement.

Le 5+5 face aux défis du réveil arabe

Ouvrage collectif sous la direction de Jean-François Coustillière.
L’initiative 5+5 lancée en 1990 (Algérie, Espagne, France, Italie, Libye, Malte, Maroc, Mauritanie, Portugal, Tunisie) et largement développée depuis, est particulièrement méconnue. C’est sans doute dû à une certaine discrétion du processus, attitude adoptée dès sa création qui a conduit à un déficit de médiatisation ou de promotion politique. Mais cette discrétion n’est probablement pas étrangère à son succès. De fait, les dix membres du 5+5 se sont appropriés l’initiative et manifestent clairement, notamment au Sud, leur attachement à cette démarche jugée pertinente et équilibrée et cela en dépit des aléas auxquels s’est heurté et continue de se heurter le processus.

Intellectuels et Musulmans : regards sur l’identité nationale

Sous la direction de Robert Bistolfi.
Tel qu’il a été ouvert, le débat sur l’identité nationale a dérivé vers une interrogation sur la présence musulmane et sur la compatibilité de l’Islam avec les valeurs républicaines. En disant comment ils conçoivent l’avenir et l’évolution de l’islam en situation de minorité, les intervenants aident à « casser » l’image d’un islam monolithique et porteur d’affrontements. Une grande diversité caractérise la « mouvance musulmane » et elle est à l’image du reste de la société : diversité des analyses et des choix individuels.

Chrétiens d’Orient

Sous la direction de Pierre Blanc.
Les chrétiens ont toujours été partie prenante des sociétés proche-orientales. Ils ont été souvent – et le sont encore aujourd’hui – engagés dans la vie économique, intellectuelle et politique. Il n’est qu’à considérer leur rôle dans la renaissance arabe (Nahda) ou bien plus récemment, dans les causes politiques qui ont traversé la région (le nationalisme arabe, la libération des territoires palestiniens, etc), sans compter qu’ils ont été des ferments de laïcité dans certains pays. Ainsi leur présence, aux côtés de leurs compatriotes musulmans, peut être encore un ferment de démocratie et de séparation des ordres spirituel et politique.

Le dialogue interculturel : une action vitale

L’Harmattan – 2008
Préface de Paul Balta.
Alors que 2008 est l’« Année européenne du dialogue interculturel”, l’ouvrage dirigé par Jacqueline Valantin et Marie-Geneviève Euzen-Dague, est le bienvenu à plus d’un titre. Anciennes enseignantes à l’Éducation nationale, elles avaient pris le temps de la réflexion et de la recherche avant de passer à l’action comme conseillères municipales chargées de la culture et de la coopération dans des villages voisins de Lyon, dans le Rhône. Elles donnent donc, avec les co-auteurs, un éclairage original et indispensable à ce qu’un tel dialogue peut apporter à tous ceux qui s’intéressent aux échanges et à la coopération : personnels de l’Éducation nationale, d’entreprises, d’association, élus, ainsi qu’à leurs familles et à leurs proches.

Guerre du Liban, un Israélien accuse

L’Harmattan – 2007
La guerre lancée par l’État d’Israël contre le Liban après la capture de deux soldats israéliens par le Hezbollah a crevé les écrans du monde entier en juillet-août 2006. Dans quelles conditions le pouvoir israélien a-t-il mené cette guerre dévastatrice ? Pourquoi et comment la grande majorité des Israéliens ont-ils apporté leur soutien à cette entreprise destructrice ? Pendant 33 jours de guerre, Uri Avnery, chroniqueur, combattant infatigable de la paix, a écrit deux articles par semaine, qui nous aident à mieux percevoir la réalité du pouvoir israélien et de la société israélienne.

La sous-représentation des français d’origine étrangère

L’Harmattan – 2005
Pourquoi les institutions françaises ne sont-elles pas à l’image de la diversité de la société ? Comment des pans entiers de la population française sont-ils exclus du processus public de décision ou y sont si peu représentés ? Comment une société peut-elle se permettre une telle anomalie sans se mettre sérieusement en danger ? Les partis politiques, les grandes organisations collectives et les institutions publiques doivent concevoir de nouvelles formes d’expression démocratique.

Sport et politique en Méditerranée

L’Harmattan – 2005
« 108 ans après leur création, les Jeux olympiques sont revenus cet été, dans leur berceau. Soucieux de dépasser les problématiques bien connues du dopage ou du hooliganisme, les auteurs de ce livre ont tenté d’interroger la complexité des interactions entre sport et politique en Méditerranée. De Gibraltar à Beyrouth, de Belgrade au Caire, le sport est une passion et parfois même une religion. Vecteur d’intégration pour certains, le sport devient pour d’autres, le lieu privilégié d’activités mafieuses, l’antichambre du militarisme et source de controverses dans certains pays musulmans lorsqu’on l’associe au thème de la condition féminine… »

Israël-Palestine : la paix est possible

L’Harmattan – 2004
En ce début d’année 2004, le conflit israélo-palestinien est dans l’impasse. La feuille de route qui devait conduire à la création d’un Etat palestinien en 2005 est au point mort et, dans l’immédiat, il n’existe plus de perspectives de négociations. Dans cette période où rien ne semble pouvoir arrêter le cycle des violences et de la répression, il ne faut pas oublier que des discussions avaient été engagées entre les Palestiniens et les Israéliens à Camp David (en juillet 2000) puis surtout à Taba (en janvier 2001) où les représentants des deux peuples n’avaient jamais été aussi près de réussir à trouver le chemin d’une paix juste et durable. Pour essayer de mieux comprendre ce qui s’est alors passé, trois rencontres ont été organisées, à l’Assemblée nationale à Paris, autour de quelques personnalités ayant, de près ou de loin, participé à ces négociations : Yossi Beilin, Yossi Sarid, Avraham Burg, Yasser Abed Rabbo et Ahmed Qoreï qui est aujourd’hui Premier ministre du gouvernement palestinien.

La Méditerranée des Juifs : exodes et enracinements

L’Harmattan – 2003
Les auteurs de cet ouvrage font revivre près de quatre millénaires de coexistence, autour de la Méditerranée , entre les Juifs et bien d’autres peuples dont les Arabes et les Berbères convertis à l’Islam à partir du 7è siècle de notre ère. Plus de trente auteurs historiens, littéraires ou simples acteurs d’exils douloureux témoignent des riches heures, des diasporas, des allers-retours des communautés juives des six rives de la Méditerranée, de l’Égypte au Maghreb, des Balkans à l’empire Ottoman et à Israël.

Irak : le Moyen-Orient sous le choc

L’Harmattan – 2003
La guerre menée en Irak par les États-Unis et la Grande-Bretagne au printemps 2003 est un bouleversement majeur au Moyen-Orient. Cet ouvrage tente de dégager les lignes de force qui façonneront l’Irak de demain, notamment au sein des communautés chiites et kurdes, et du fait de la stratégie américaine. Il revient sur les luttes d’influence impliquant notamment l’Iran, la Turquie et la Syrie. Il souligne l’enjeu pétrolier et s’interroge sur le fossé qui a séparé les pacifistes occidentaux et l’opposition irakienne, avant la guerre.

Les langues de la Méditerranée

L’Harmattan – 2003
Dans le bassin méditerranéen, très ancienne terre d’élection de l’écriture, la diversité des cultures, l’intensité des ambitions croisées, les échanges économiques et l’ampleur des mouvements d’hommes ont fait s’interpénétrer de multiples champs linguistiques. Une vive concurrence a lieu pour asseoir une prééminence, maintenir un espace acquis, ou encore – pour certaines langues minoritaires – obtenir un simple droit à l’existence.

Chronique d’un pacifiste Israëlien pendant « l’intifada » (octobre 2000 – septembre 2002)

L’Harmattan – 2003
Depuis plusieurs années, Uri AVNERY, fondateur le plus connu du mouvement Gush Shalon (le Bloc de la Paix), écrit chaque semaine un article qui lui est inspiré par la situation politique de son pays et par les actions de son mouvement. Ces articles, écrits en hébreu, sont souvent boudés par la presse israélienne mais ils sont de plus en plus diffusés et repris à l’étranger. Uri Avnery raconte et il commente. Son regard est exigeant et dur mais sa vision reste optimiste.

La Tunisie de Ben Ali : la société contre le régime

L’Harmattan – 2002
En examinant le bilan des années Ben Ali, cet ouvrage collectif s’efforce de comprendre comment et pourquoi la « promesse démocratique » de « l’ère nouvelle « , inaugurée officiellement au lendemain du « coup d’État médical » du 7 novembre 1987, n’a pas résisté à l’épreuve de l’exercice du pouvoir. Un travail à la fois pertinent et impertinent, au moment où Ben Ali semble aller vers une quatrième candidature à l’élection présidentielle de 2004, et où l’Etat français renouvelle solennellement son soutien au régime tunisien dans le cadre de la  » lutte globale conte le terrorisme islamiste « .

Kosovo : le piège

L’Harmattan – 2001
C’est avec les bombardements de l’OTAN au printemps 1999, que cette petite province multiethnique, coincée entre la Serbie, le Monténégro, l’Albanie et la Macédoine est sortie de l’anonymat pour faire la  » Une  » de l’actualité mondiale. Pourtant le conflit ne date pas d’hier et il est un des points de fixation de la tragédie balkanique. Des experts et des témoins de différentes sensibilités permettent de mieux cerner la réalité des faits du Moyen Âge à nos jours.

Méditerranée : défis et enjeux

L’Harmattan – 2000
Culture, commerce et conflits se sont toujours conjugués en Méditerranée, foyer de grandes civilisations et berceau des trois religions monothéistes révélées. Dans cette mer de paradoxes, les riverains ont rarement réussi à s’unir en dépit de leurs aspirations. Dans une fresque allant des origines à nos jours, l’auteur expose les enjeux, considérables pour les riverains, et analyse les défis qu’ils doivent surmonter pour édifier un ensemble dynamique qui porte haut leurs valeurs au sein de la mondialisation.

Palestiniens et Israéliens : le moment de vérité

L’Harmattan – 2000
Les Palestiniens et les Israéliens sont actuellement engagés dans des négociations d’une extrême importance. Il ne s’agit plus, en effet, de discuter de tel ou tel problème particulier aussi grave soit-il, mais bien de décider de l’avenir de deux peuples en abordant les grandes questions qui sont au cœur de la confrontation : Jérusalem, les réfugiés, les implantations, l’eau, les frontières de l’État palestinien, la sécurité de l’État d’Israël.

L’Algérie contemporaine : bilan et solutions pour sortir de la crise

L’Harmattan – 2000
Ce colloque s’est proposé d’établir des constats : qu’est-il advenu et qu’advient-il vraiment en Algérie, du passé à aujourd’hui, tel que le comprennent surtout des algériens et des algériennes. Il n’y a pas en Algérie, d’un coté un régime en place qui incarnerait la modernité et de l’autre un islamisme démoniaque ennemi de cette modernité. Une analyse fine des raisons de l’aboutissement à la situation actuelle.

La République de Macédoine

L’Harmattan – 1998
Dernière venue dans le concert européen, la République de Macédoine, indépendante pour la première fois de son histoire à l’automne 1991, n’a guère suscité l’intérêt ou la curiosité. Au carrefour des Balkans, la Macédoine a toujours attiré les convoitises. C’est pour cette raison que les auteurs de ce livre ont souhaité faire collaborer des sensibilités diverses, sur des sujets historiques, politiques et culturels.

Regarde, voici Tanger

L’Harmattan – 1997
Impossible de rester indifférent à Tanger, à son pittoresque, à son charme et à sa singularité. La « perle du détroit » a inspiré de nombreux voyageurs, diplomates, artistes, écrivains et aventuriers. Elle a suscité une abondante littérature : relations de voyage, ouvrages de souvenirs, romans, nouvelles, récits de vie, etc.

Le partenariat Euro-Méditerranée après la conférence de Barcelone

L’Harmattan – 1997
Après une synthèse des relations euro-méditerranéennes jusque fin 1995, ce livre s’attache à mieux cerner la nouvelle politique de « partenariat » qui est à la fois une promesse et un pari sur le futur et qui nécessite un immense effort de la part des uns et des autres. Ni messe médiatique, ni tournant historique décisif, la Conférence de Barcelone inaugure un processus semé d’embûches. Ce livre tente de les identifier, avant de faire le bilan du suivi de la Conférence de Barcelone.

Jérusalem, ville ouverte

L’Harmattan – 1997
Ville promise, disputée, convoitée, conquise, perdue, reconquise, Jérusalem n’a jamais été, n’est pas et ne sera sans doute jamais un lieu comme les autres, une ville sainte comme les autres, une capitale comme les autres. Près de 40 hommes et femmes, issus ou proches de cette mosaïque de peuples, de religions, de cultures et de langues évoquent, au fil des pages, la ville meurtrie mais glorieuse, cité de la paix qui n’en finit pas de faire couler le sang, la Jérusalem ville ouverte de la prophétie de Zacharie.

Islam et Occident : la confrontation

L’Harmattan – 1995
En 1995, le comité de rédaction de la revue  » Confluences Méditerranée  » avait réuni des auteurs de différents pays de la Méditerranée pour montrer les erreurs et les dangers que recèle la thèse du  » clash  » des civilisations. En cet automne 2001, où le tragique attentat du 11 septembre semble redonner de la vigueur à la thèse de la confrontation entre l’Islam et l’Occident, il nous a paru utile de rééditer ces articles rédigés par des chercheurs qui comptent parmi le meilleurs spécialistes du sujet.

Israélien et palestiniens : la longue marche vers la paix

L’Harmattan – 1995
L’analyse d’une lutte qui oppose, depuis un siècle, deux peuples pour une même terre : en septembre 1993, Israéliens et Palestiniens ont signé un acte de mutuelle reconnaissance. Ils ont amorcé un dialogue qui n’est pas encore la paix, mais un processus qui tend vers la paix même si de nombreux obstacles restent à franchir. Ce livre a pour objet de fournir des informations sur chacun des deux peuples. S’inscrivant dans le passé et le présent, intéressera tous ceux qui s’interrogent sur l’avenir du Proche-Orient, région géopolitique étroitement liée au destin de paix ou de guerre de la fin du XXe siècle.

Méditerranée : L’impossible mur

L’Harmattan – 1995
Ce livre, qui regroupe une série d’articles écrits depuis la guerre du Golfe, se propose de présenter un certain nombre d’aspects qu’il paraît important de prendre en compte pour créer les conditions d’une réponse d’ensemble à la « question méditerranéenne ». Le nouvel ordre mondial en construction en Méditerranée s’est caractérisé par la constitution d’un « mur » visant à protéger les pays riches de la CEE des « hordes des nomades de la misère »… Ce livre se veut une contribution pour une autre politique méditerranéenne de l’Europe, celle qui refuse le bunker et qui propose un espace méditerranéen solidaire.

Algérie, les islamistes à l’assaut du pouvoir

L’Harmattan – 1995
L’Algérie traverse aujourd’hui une crise profonde et dramatique où s’exacerbe une confrontation violente entre le pouvoir et les islamistes. A partir d’une documentation aussi foisonnante que précise, recueillie sur le terrain, Amine Touati, journaliste algérien, retrace dans ce livre les différentes étapes de cette confrontation et la montée en puissance des islamistes : la tentative d’instauration d’un État islamique par la grève, par les urnes, par l’insurrection et enfin par la terreur.

Les raisons de l’assassinat des trois militantes Kurdes

Christophe Chiclet, 18 janvier 2013
L’exécution des trois militantes du Parti des travailleurs du Kurdistan en plein Paris, le 9 janvier 2013, s’inscrit dans le contexte de négociations entre le gouvernement turc et les rebelles du PKK, pour mettre fin à un conflit vieux de 28 ans, qui a fait plus de 40.000 morts et des centaines de milliers de déplacés. Il s’inscrit aussi dans le contexte d’un jeu d’échecs à trois : Ankara, Damas et les Kurdes.  Jeudi 9 janvier, trois femmes se sont retrouvées au 147 rue Lafayette, dans les locaux de la Fédération des associations kurdes de France, où est aussi abrité le bureau du Centre d’information du Kurdistan. Le 147 comme l’appellent les Kurdes est une des vitrines légales du PKK en France.

 

Algérie-France comment dépasser les points de friction les plus vivaces ? »

Jean-François Coustillière et Michel Roche, 22 décembre 2012
A l’occasion de la visite officielle du Président de la République à Alger demain, il nous a paru utile de prendre position sur trois dossiers délicats qui enveniment depuis trop longtemps les relations entre la France et l’Algérie.  Cette prise de position s’est faite à travers le cabinet JFC Conseil, entre Michel Roche, un collaborateur régulier de nos travaux, ancien diplomate, et moi-même. Nous avons voulu apporter notre contribution aux débats en cours.

 

Feu l’Euro-Méditerranée ?

Robert Bistolfi, 17 décembre 2012
Avant que la raison ne réintroduise des pondérations plus subtiles (mais qui ne seront pas nécessairement plus optimistes), un regard rétrospectif sur le projet euro-méditerranéen ne peut qu’accabler. Ce qui aurait pu être un projet structurant de l’Europe en construction – la définition d’une vraie ambition régionale vers ses marches au Sud et à l’Est – s’est révélé n’être qu’un aménagement sans perspective de simples relations bilatérales. Depuis les premiers accords commerciaux des années 60, suivis d’accords d’association, l’inventivité sémantique a masqué l’inexistence de la volonté : politique prétendument globale ou rénovée, processus de Barcelone, et pour finir l’incertaine Union pour la Méditerranée que le président Sarkozy a tenue sur les fonts baptismaux alors que les parrains se dérobaient… La relation avec les « pays tiers méditerranéens » n’a tenu que d’un empirisme politique et commercial à courte vue.

 

Les Arméniens de Syrie dans le piège

Christophe Chiclet, 10 décembre 2012
Les Arméniens de Syrie bénéficiaient d’un statut de minorité protégée, mais aussi bâillonnée, sans possibilité d’expression démocratique, comme l’ensemble de la population, quasiment toutes communautés confondues. Entre un pouvoir massacreur et des rebelles qui voient parfois d’un mauvais œil les minorités, les Arméniens choisissent, quand ils le peuvent, la fuite. Mais depuis la fin de l’été leurs situations se dégradent. Ara Toranian, fondateur et directeur du mensuel « Nouvelles d’Arménie Magazine » (NAM), écrivait en septembre 2012 : « La communauté arménienne de Syrie n’avait pas vraiment besoin de cette guerre pour voir son existence fragilisée ». En 2003, le journal avait publié un reportage d’une de ses reporters, Armineh Johannes, intitulé « Damas l’ancestrale, un dernier carré d’Arméniens qui résiste à l’érosion ».

Grèce : La chasse aux fraudeurs

Christophe Chiclet, 29 novembre 2012
Depuis fin octobre, des informations sont publiées en Grèce sur les fraudeurs du fisc, de l’impôt et autres problèmes de corruption, de détournements de fonds et diverses magouilles et escroqueries. Mais les médias grecs et internationaux se sont pris les pieds dans le tapis entre deux listes, les mélangeant allègrement : la liste Lagarde des 2059 et la liste des 36 politiciens, qui dénonçaient toutes deux les fraudeurs. L’affaire de la « liste Lagarde » commence en 2008 lorsque qu’un cadre informaticien se sauve de la filiale genevoise de la banque HSBC, avec un listing de 79.000 personnes, dont 8.230 Français et 2.059 Grecs. HSBC est une banque anglo-chinoise fondée en 1865. En 2000, elle a racheté en France le CCF (Crédit commercial de France). Après un transit entre la France, le Liban, l’Espagne, l’informaticien est arrêté en Espagne, suite à un mandat d’arrêt suisse. Il y est toujours incarcéré.

Hommage de Paul Balta à Anouar Abdelmalek, décédé le 15 juin 2012.

Paul Balta, 21 novembre 2012
Mesdames, Messieurs, Chers Amis, Je voudrais tout d’abord remercier le Docteur Mahmoud Ismaïl pour avoir organisé cette séance d’hommage au grand intellectuel Anouar Abdel-Malek, feu mon cousin, qui s’est éteint le 15 juin dernier à Paris. Avant d’évoquer son parcours, permettez-moi d’expliquer comment nous étions cousins. Georges Haddad, mon arrière-grand-père, était un Libanais, grec catholique, qui avait émigré en Égypte, en 1850, pendant la Nahda, la « Renaissance », sous le règne de Mohamed-Ali. Il épousa Hanem Boctor, une copte orthodoxe. Cette aïeule, commune à ma mère, Fanny Haddad, et à celle d’Anouar, Alice, appartenait à une famille copte, partagée entre propriétaires fonciers de la région d’Assiout, en Haute Égypte, et hauts fonctionnaires vivant au Caire : les Scandar, les Guirguis, les Abdel-Malek. Mon père étant français, et ma mère égyptienne, j’ai donc deux patries : la France et l’Égypte que j’aime également.

 

Le role d’Internet dans les élections de la constituante tunisienne

Araoud Afifa, 15 novembre 2012
Les Tunisiens ont vécu 23 ans sous la dictature de Ben Ali durant lesquels ils étaient en situation de rupture totale avec la scène politique, celle-ci étant monopolisée par le pouvoir totalitaire et le discours unique du régime révolu. Ceci a entraîné un désengagement total de la vie politique, la population étant contrainte à un suivisme obligé mettant en cause les fondamentaux de l’exercice politique. Après la chute de l’ancien régime, des bouleversements sans précédant sont survenus sur la scène politique tunisienne. A la suite d’une brève présentation du nouveau paysage politique tunisien, cet article a pour objet d’évaluer le rôle joué par Internet dans le premier scrutin libre et démocratique de l’histoire de la Tunisie.

 

Emploi et mobilité des jeunes en Méditerranée : une question stratégique….en quête de stratégie

Iván Martin, 26 octobre 2012
60 millions de jeunes entre 15 et 29 ans vivent dans les pays arabes méditerranéens. Parmi eux, un tiers sont dans le système éducatif, 2% seulement ont un emploi formel, 25% ont des emplois informels et près de 40% – soit 24 millions – ne sont ni dans le système éducatif ou la formation ni sur le marché de l’emploi (Pour mémoire, dans les pays de l’OCDE, les jeunes « ni-ni » représentent en moyenne 15% de la population de cette classe d’âge, et le pays ayant le taux le plus élevé, l’Espagne, se situe à 23%, qui plus est avec un volume d’emplois informels marginal). 65% des jeunes des pays arabes méditerranéens sont ainsi exclus de fait de tout emploi décent. Parmi les jeunes femmes, cette proportion est de plus de 80%. En somme, les pays arabes méditerranéens sont la région du monde avec le plus haut taux de chômage du monde, y compris parmi les jeunes et le plus bas taux de participation des femmes au le marché de travail.

Le Liban et la crise syrienne

Loïc Kervran et Olivier Marty, 22 octobre 2012
Très affecté aux plans économique, social, et sécuritaire par le conflit voisin, le Liban est à la fois la victime et l’instrument de la crise syrienne. Au ralentissement de l’activité induit par les liens commerciaux, touristiques et financiers des deux pays, se greffent des conflits civils opposant partisans et opposants à Damas, tandis que le tissu social est éprouvé par l’afflux de réfugiés syriens. Pire, la porosité de la frontière expose aussi le Liban à des tentatives de déstabilisation de Damas qui augurent très mal de la chute éventuelle du régime.

Quand le conflit du Sahara Occidental s’invite dans les vignes Bordelaises

Christophe Chiclet, 22 octobre 2012
Tout le monde se méfiait du plombier polonais. Le mistigri n’est jamais venu ! Personne n’avait vu venir le vendangeur sahraoui au fin fond de la Gironde, dans le nord-Médoc, à Pauillac. Pauillac est une bourgade d’un peu plus de 5.000 habitants, sur les bords de l’estuaire de la Gironde. La ville est surtout connue pour ses grands crus médocains. Elle compte 78 viticulteurs, dont la moitié est formée de grands et riches propriétaires de châteaux, voire très grands et très riches. En face, une classe moyenne à peine palpable et peu de commerces dans les petits villages du Médoc. Mais une multitude d’ouvriers agricoles dont certains n’ont même pas les moyens de s’acheter une voiture pour aller travailler.

La révolution syrienne et ses détracteurs

Farouk Mardam Bey, 8 octobre 2012
Que Frédéric Chatillon, gros bras du Front national, soit le principal diffuseur en France de la propagande du régime syrien n’est pas très difficile à comprendre. Que Richard Millet, l’apologiste de l’assassin néonazi Anders Breivik, ait consacré dans la foulée un opuscule à la gloire des Assad, père et fils, est aussi dans l’ordre des choses. Mais les autres ? Pourquoi des hommes et des femmes qui se disent de gauche, démocrates, altermondialistes, défenseurs des peuples opprimés, et qu’on ne peut a priori soupçonner de racisme antiarabe ni d’islamophobie, s’abaissent-ils jusqu’à soutenir Bachar et son clan ?

Le choc des élections en Grèce

Christophe Chiclet, 17 août 2012
Suite à la grave crise financière, puis économique et sociale, la Grèce vient de plonger dans une crise politique majeure. Le bipartisme qui réglait la vie politique grecque depuis l’indépendance de 1832 (Populistes-libéraux ; Royalistes-Vénizélistes ; Monarcho facistes-communistes ; Conservateurs-socialistes) a volé en éclat lors des législatives anticipées des 6 mai et 17 juin 2012. Le paysage politique a été totalement chamboulé. Les socialistes du PASOK ont pris une déculotté historique alors qu’ils gouvernaient le pays quasiment sans interruption depuis 1981. Les partis traditionnels qui soutenaient les plans d’austérité imposés par la « Troïka » (UE, Banque mondiale, FMI) ont été lourdement sanctionnés. Le PASOK est arrivé en troisième position le 6 mai avec 13,18% des voix, perdant 30,7% par rapport aux législatives de 2009, perdant donc 109 députés, n’en gardant que 41, revenant au niveau électoral qu’il avait aux élections d’octobre 1974, trois mois après la chute de la dictature des colonels.

 

Trafics d’armes dans les Balkans : Nouvelles révélations

Christophe Chiclet, 6 août 2012
De juin 1991 à août 2001, les conflits dans l’espace ex-yougoslave n’ont jamais cessé. Les informations sur les trafics d’armes, de drogue et autre ont souvent fait la une de la presse spécialisée. On croyait presque tout savoir, surtout après l’arrestation de criminels de guerre serbes, croates, bosniaques et albanais. Mais en décembre 2011, un journaliste slovène, Blaz Zgaga a fait de nouvelles révélations fracassantes. Lors du déclenchement des guerres yougoslaves en juin-juillet 1991, l’opinion publique européenne a découvert des scènes de guerre inconnue depuis 1945 sur le vieux continent. La JNA (Armée nationale yougoslave), contrôlée par les Serbes étaient largement équipée. Mais après 1968, et l’intervention soviétique en Tchécoslovaquie, Josip Broz Tito a craint une intervention de Moscou en Yougoslavie. Il a donc mis en place les défenses territoriales dans chaque République de la Fédération socialiste. Des arsenaux ont ainsi été cachés en Slovénie, Croatie, Bosnie, Macédoine… A l’été 1991, les indépendantistes slovènes, au départ pacifistes, ont pioché dans ces arsenaux de la défense territoriale pour faire reculer la JNA.

La Serbie retourne à ses vieux démons

Christophe Chiclet, 1er août 2012
D’après de nombreux médias serbes et européens Tomislav Nikolic serait devenu fréquentable depuis qu’il se serait converti à un européanisme angélique. C’est oublié que cet opportunisme en politique qui a retourné sa veste pour échapper à la prison et accéder au pouvoir à sa quatrième tentative, était encore il y a peu un ultra nationalisme violement anti Albanais, anti Rroms et homophobe. Derrière son masque relativement modéré, il accède à la présidence d’un pays qui a été autorisé à poser sa candidature à l’adhésion à l’Union européenne. En Serbie, c’est avant tout le populisme qui a gagné, récupérant le vote des déclassés et des précaires, urbains et ruraux.

Chypre, victime de la spéculation financière

Christophe Chiclet, 26 juin 2012
Pour la première fois depuis sont entrée dans l’UE, Chypre va présider l’Union le 1er juillet 2012 pour six mois. Ainsi, de façon inédite, l’UE va être présidée par un communiste, Dimitri Christofias, l’actuel président au pouvoir depuis 2008, ayant été secrétaire-général de l’AKEL (Parti progressiste du peuple travailleur) de 1988 à 2008. Parallèlement, elle subit un contexte de tensions, tant sur le plan financier car elle est devenue la cible des fameuses agences de notations, que sur le plan géopolitique puisque la Turquie maintient des positions très dures à son égard en lui refusant l’accès des ports turcs ; et cela en contravention de l’accord d’union douanière qui oblige pourtant Ankara à consentir cela à tous les pays de l’Union européenne.

 

Sombres perspectives pour l’Europe et l’Euro ?

Robert Bistolfi, 7 juin 2012
Même dans ses émissions politiques réputées, la télévision a tendance à privilégier l’écume des faits au détriment des analyses de fond. Ce n’est donc pas là que le citoyen de base trouvera de quoi asseoir son opinion sur les quelques sujets centraux de la période. En revanche, une partie de la presse écrite offre de quoi réfléchir à qui veut vraiment s’informer : la note qui suit a été rédigée après lecture de quelques textes parus récemment à propos de la crise dans la zone Euro. Cette crise européenne affecte la Méditerranée, directement puisque certains pays de la rive nord sont dans l’œil du cyclone, mais également indirectement car l’enfoncement dans la crise pèse également sur les perspectives financières de la coopération euro-méditerranéenne déjà très ralentie par les atermoiements politiques.

Que dire de l’Iran ?

IReMMO, 24 mai 2012
Le premier tour des élections législatives du 2 mars de cette année a produit une certaine surprise. Certes, elles n’ont opposé que des groupes religieux identifiables par les seuls experts et de tendance conservatrice. Les réformateurs, en effet, avaient recommandé de boycotter ces élections et il semble que leurs consignes aient été respectées dans l’ensemble. La participation quant à elle, de quoi surprendre puisqu’elle aurait été de 65 % du corps électoral. Là, les Iraniens avertis estiment que ce taux officiel est exagéré compte tenu de la faiblesse de l’affluence constatée dans les bureaux de vote. Toutefois, ces mêmes observateurs estiment que le taux réel pourrait avoir avoisiné les 50% ce qui n’est pas négligeable.

L’Algérie au lendemain des législatives La consécration d’un ordre rentier précaire

Nadji Safir, 24 mai 2012
Les résultats officiels des élections législatives du 10 mai 2012 en vue du renouvellement de l’Assemblée Populaire Nationale (APN) sont connus. L’importance de l’abstention, officiellement établie à 56,86%, doit y être relevée comme un phénomène politique et social majeur, marquant la faible adhésion de la population au processus électoral engagé. Et ce, alors même que la campagne électorale, en termes de communication, a été menée dans un contexte marqué du côté des autorités par une exagération outrancière, voire une dramatisation tout à fait excessive de l’importance des enjeux liés à la participation au scrutin.

Les élections législatives de 2012 en Aglérie

Paul Balta, 24 mai 2012
Pour la première fois depuis 20 ans, dans l’histoire de l’Algérie indépendante, les élections législatives du 10 mai 2012 se sont déroulées dans dans des conditions correctes, reconnues par plusieurs partis politiques. L’Algérie a invité environ 500 observateurs étrangers pour superviser le scrutin, dont 200 de l’Union africaine (UA), 150 de l’Union européenne (UE), 132 de la Ligue arabe (AL), 20 de l’Organisation de la Coopération islamique (OCI), 10 de l’ONU, 9 de l’Organisation non gouvernementale National démocratic institute (NDI), et 2 indépendants.
Ban Kimoun, Secrétaire général de l’ONU a déclaré :« Je félicite le peuple et le gouvernement algériens pour le déroulement pacifique de l’élection, le 10 mai, de l’Assemblée populaire nationale et salue la représentation accrue des femmes au sein de la nouvelle Assemblée ».

Interview de Burhan Ghalioun

Sébastien Abis, 13 avril 2012
Tribune publiée dans le quotidien français « Les Echos » concernant la sécurité alimentaire en Méditerranée.
LE CERCLE. (par Sébastien Abis) – En Méditerranée, deux dérives se développent et y accentuent l’insécurité humaine, sans faire grand bruit sur le plan médiatique et politique. L’actualité se focalise, non sans raison, sur les conflits armés, les crises financières et ces changements de régime qui sillonnent un espace méditerranéen décidément volcanique.

 

“Un soutien politique contre Assad”

Burhan Ghalioun, 11 avril 2012
Interview de Burhan Ghalioun, président du Conseil national syrien qui s’oppose au régime. Il Manifesto du dimanche 25 mars PARIS. En Syrie, la féroce répression de la révolution continue, un an après les premières manifestations. Le Conseil national syrien évalue à 20.000 le nombre des victimes, morts et disparus, et chaque jour une autre centaine s’ajoute à la liste tragique. Le régime d’Assad veut faire la “terre brûlée” affirme Burhan Ghalioun, professeur de sociologie politique, responsable du centre d’études arabes de l’Université Sorbonne nouvelle, et depuis 2011, président du Conseil national syrien.

Revendications identitaires : Pièges à gauche

Robert Bistolfi, 11 avril 2012
A ces dîners du CRIF , où la distance est incertaine entre adhésions politiques extrêmes et références religieuses, le Gotha de l’appareil étatique républicain se presse de manière indécente. ]]. Dans le sillage d’Alain Touraine, figure dominante de ce que l’on nommait autrefois la « deuxième gauche », Michel Wieviorka est un sociologue attentif aux évolutions sociétales. Il occupe aujourd’hui une place importante dans le milieu intellectuel qui, autour de François Hollande, aide le candidat à se positionner idéologiquement sur des dossiers « qualitatifs » de la société française. Dans l’article précité, il démonte efficacement l’opportunisme de Nicolas Sarkozy, avec ses priorités changeantes. Confronté aux drames de l’école juive Ozar Hatorah, sous l’œil décapant des caméras le comportement du Chef de l’Etat avait déjà été mis en lumière.

Le Baas syrien, la terre et l’eau

Pierre Blanc, 2 avril 2012
La violente crise politico-militaire qui secoue la Syrie depuis mars 2011 fait ressortir des fragilités géopolitiques qu’un corset autocratique avait tenté de dissimuler. La question agraire et hydraulique dans ce pays est parmi les sujets à observer de près, car elle met en lumière une partie importante de l’action du Baas depuis son arrivée au pouvoir en 1963.