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Mondes du travail: mutations et résistances
N°111 – Hiver 2019-2020
Dossier dirigé par Amin Allal, Michele Scala et Élisabeth Longuenesse.
Du Maroc à la Turquie, en passant par l’Algérie, la Tunisie, l’Égypte, la Grèce, l’Italie, le Liban ou la Jordanie, le renouvellement des formes de protestation, plus ou moins directement liées au travail, est désormais un constat transméditerranéen. Dans ces situations contrastées on retrouve le même processus d’affaiblissement des syndicats et de fragilisation du rapport salarial et des protections sociales qui l’accompagnaient. D’un côté, la part de la grande industrie s’est réduite au profit du secteurs des services, y compris des services à la personne, de l’autre, l’individualisation des tâches, le développement de la sous-traitance et les délocalisations, ont permis de contourner les contraintes associées à la norme salariale. La financiarisation de l’économie mondiale a ainsi entraîné un double mouvement de marchandisation accélérée des rapports humains et de pression accrue sur une force de travail cantonnée de façon croissante à des fonctions de service.