Le Maghreb et l’Union européenne
Au cours des deux dernières décennies, l’Union européenne a opéré une large diversification de ses interventions en direction des pays du Maghreb et plus spécifiquement du Maroc et de la Tunisie, l’Algérie, la Mauritanie et la Libye restant en retrait. Bien que son rôle ne soit pas toujours apparent, l’UE apporte une contribution implicite, mais croissante à la configuration sur le long terme des espaces qui la bordent sur les rives sud de la Méditerranée et à celle de l’Afrique du nord-ouest. Cette contribution sera prochainement redéfinie en fonction de ce que proposera la Commission en 2015, quant à la révision de la politique européenne de voisinage (PEV). Les interventions communautaires fonctionnent suivant une logique très « européocentrique », particulièrement affirmée dans la PEV du fait de sa parenté avec la négociation d’adhésion. D’une part, la politique européenne est la projection des acquis internes (là où il existe une compétence communautaire) sur les pays tiers. D’autre part, l’approche « à la carte » implique la digestion d’une bonne partie des 90000 pages du journal officiel UE, ce qui pose des problèmes d’adaptabilité et de gestion aux administrations des pays du voisinage chargées de les appliquer. Il en résulte une capacité de mise en œuvre inégale : dans les documents de stratégie, les pays du Maghreb prennent un assez grand nombre d’engagements, dont la concrétisation se fait parfois attendre.
Étude États-Unis / Maghreb
Les objectifs de la diplomatie américaine dans la région Middle East and North Africa (MENA) s’articule autour des axes suivants : l’approvisionnement en pétrole, la non-prolifération des armes de destruction massive, la défense de la sécurité d’Israël, la lutte contre le terrorisme, l’encouragement à l’ouverture des marchés, au libre-échange, à la démocratisation des régimes et enfin à la paix et à la stabilité. A partir de l’exposé de ces objectifs il est clair que le Maghreb apparaît au second plan des priorités par rapport au Moyen-Orient. Mais les attentats du 11/09 et le développement des mouvements djihadistes comme AQMI, dans la région du Sahel, contraignent Washington à renforcer sa coopération avec des pays comme l’Algérie mais en évitant d’être en première ligne car la politique du président Obama est plutôt au désengagement, tout au moins physique, de la région.
Libye : obstacles à la transition et principaux scénarios d’avenir
Étude trimestrielle n° 5 – Avril 2014
Les minces espoirs nés après la chute de Mouammar Kadhafi en 2011 ont vite été déçus. Deux ans plus tard, la Libye évolue toujours au gré d’une fragmentation politico-socio-territoriale qui n’augure rien de bon ni pour le pays ni pour la sous-région. Alors qu’une myriade de leaders politiques continue à opposer ses ambitions politiques à des institutions centrales faibles dont les représentants et membres sont eux-mêmes souvent désunis, le fort ralentissement de l’activité pétrolière nationale a porté un coup supplémentaire à l’économie.En parallèle, si l’affirmation de milices locales est le pendant naturel à l’absence d’une armée digne de ce nom, le concept de société civile pose tout autant problème. La Libye continue à faire état d’une fragmentation à plusieurs niveaux, et les problèmes de radicalisme idéologiqueet politique, et d’expansion du terrorisme et des replis tribaux ne font que retarder l’échéance d’un engagement du pays dans une dynamique positive de State building (le concept d’État étant au demeurant étranger à l’histoire du pays).
Il convient dans ce contexte de replacer la Libye dans la trajectoire qui lui est propre avant de souligner les problèmes et problématiques qui minent son évolution, et de définir les recommandations les plus à même de limiter une dégradation plus avant de la situation.
Auteur : Barah Mikail, directeur de recherche à la FRIDE (Fundación para las Relaciones Internacionales y el Diálogo Exterior, Madrid).
Les relations intermaghrébines
Étude trimestrielle n° 4 – Janvier 2014
Cette étude porte sur les vicissitudes de la construction maghrébine : pour les relations intermaghrébines ne parviennent-elles pas à trouver leur point d’équilibre ? Pourquoi l’Union du Maghreb arabe n’arrive-t-elle pas jusqu’à présent à réaliser les objectifs qui lui sont assignés ? Qu’est-ce qui fait que le Maghreb figure parmi les régions les moins intégrées économiquement à l’échelle mondiale ? Vers quel modèle géopolitique évolue le Maghreb ? La présente étude examinera les paramètres de l’équation maghrébine à partir de trois éléments : l’état des lieux des relations intermaghrébines ; les facteurs de blocage du processus d’intégration au Maghreb ; et les scénarios d’évolutions des relations intermaghrébines.
Auteur : Rachid El Houdaigui, professeur à l’université Abdelmalek Essaadi (faculté de droit) de Tanger et au Collège royal des hautes études militaires (Kenitra).
Tunisie : acteurs, enjeux et dynamiques d’une transition qui n’en finit pas
Étude trimestrielle n° 3 – octobre 2013
Révolution d’inspiration démocratique et sociale, la révolution de décembre 2010-janvier 2011 était une réaction aux conséquences de l’essoufflement d’un modèle de développement combinant, depuis le tournant des années 1970, libéralisme économique et autoritarisme politique, avec un système de parti unique devenu, dans les années 1980, un système à parti hégémonique. S’il a permis un développement économique, social et culturel au début, grâce aux modernisations entreprises après l’indépendance, ce modèle a été gangréné, durant les 20 dernières années, par la corruption qui a conduit à l’aggravation du problème du chômage, notamment des jeunes diplômés, et des inégalités régionales. La révolution était portée par des revendications sociales concernant l’emploi, le pouvoir d’achat et le développement des régions défavorisées de l’intérieur, et par une inspiration démocratique réclamant la fin de l’autoritarisme, du népotisme, de la présidence à vie, et d’un autoritarisme étouffant les libertés individuelles et publiques.
Auteurs : Sarah Ben Néfissa, chercheur à l’institut de recherche pour le Développement (IRD), sociologue du politique, spécialiste de l’Égypte et du monde arabe, Chérif Ferjani, professeur de science politique à l’université Lyon 2.